Shunichiro Fujimoto n'aura pas lésiné cette année. S'étant déjà distingué avec 
Fraet, son projet electronica, avec le sublime 
For Another Day, le voilà de retour avec 
Fjordne et ce quatrième album ; dans une autre veine certes - plus ambient dirons-nous en résumé -  mais tout aussi réussi. 
Edité chez le jeune label 
Kitchen basé à Singapour, 
The Setting Sun retrace en dix titres les rêveries solitaires de 
Fujimoto San, nées de sa lecture de 
Shayo (en substance 
Le Soleil Couchant), livre d'
Osamu Dazaï, écrivain japonais parmi les plus reconnus du XX° siècle. 
Véritablement bouleversé par ce bouquin, ce n'est cependant moins de son contenu, l'histoire alambiquée d'une famille d'aristos en perdition et des déviances de ces derniers, que de la forme même de l'écriture de 
Dazaï - sens inouï du détail, puissance évocatrice des descriptions - que va naître l'inspiration de 
Fjordne.
 Travaillant dans un domaine bien plus classique qu'à l'accoutumé, il met un accent tout particulier à l'alternance quasi systématique de phases mélodiques, dissonantes et réverbérées à travers l'usage d'une batterie d'instruments acoustiques : le piano prédominant, mais aussi les guitares et autres cordes. L'ensemble des compositions est alors nimbé d'échos, de nappes sonores, doucement distordues et excessivement denses, de quelques fields recording, de glitchs et de craquements lâchés avec minutie et parcimonie. Cette méthode donne à l'album une couleur très mate, une tonalité discrète et ouatée, empreinte d'une poésie pleine de spleen, de passion aussi. 
Un disque qui devrait faire couler quelques larmes, défaire quelques nœuds dans la gorge et le ventre. Du baume, pour le corps et l'esprit, en quelque sorte. 
	
	
		Chroniqué par 
		
Yvan		
		le 20/10/2009