Le dernier album de
Tim Hecker, au titre on ne peut plus évocateur, rappelle à quel point l'ambient est avant tout une affaire d'expériences visuelles, de voyages en des sphères inconnues ou perdues dans le monde des pensées.
100 Years ago, en ouverture, nous fait grâce de l'acclimatation au profit d'un décollage immédiat. La grandiloquence du ton a beau surprendre de la part d'
Hecker, la formule marche à merveille. Elle rassure d’emblée quant à la qualité de cette dernière livraison. Une ligne de basse très rythmée sur
Sea of Pulses soutient à elle seule un alliage supersonique de saturations et des nappes de synthé électrisantes. Après cette entrée fracassante,
Hecker revient vers des terrains plus familiers. Ce n'est pas la tempête après le calme, mais bien l'inverse.
The Inner Shore adoucit le ton et conduit lentement vers la première étape de ce voyage :
Borderland, et ses claviers impalpables s'évaporant lentement vers l'infini. Impossible de ne pas voir ici le retour aux climats majestueux et océaniques de
Radio Amor, impression qui se fera d'ailleurs ressentir à plusieurs reprises.
Contrairement à son précédent essai, le montréalais table sur des formats de compositions plus "standards" : 3 et 5 minutes pour la plupart. Ceci lui permet de proposer des progressions mieux abouties. La montée en puissance de
Paragon Point n'en est pas seulement le parfait exemple, elle constitue aussi le point d'orgue de l'album ; elle révèle, par son magnifique mélange de sonorités agressives et d'autres caressantes, l'aspect le plus dramatique de la musique d'
Hecker.
Après la douce léthargie de
Her Black Horizon, le montréalais crée une nouvelle fois la surprise. Les deux pistes suivantes lui donnent l'occasion de revenir vers ces mêmes atmosphères tempétueuses et magistrales qui avaient marqué le début de l'album. Avec
200 years, il s'offre même le luxe de reprendre le titre introductif tout en jouant habilement la carte de l’exacerbation mélodique.
Si
An Imaginary Country se situe globalement dans la lignée d’
Harmony in Ultraviolet, les compositions d'
Hecker se veulent plus efficaces et directes. Cet album constitue une bonne entrée pour ceux qui voudraient aborder l’œuvre du canadien, dont la richesse technique et émotionnelle demeure à part dans le grand monde de l’ambient.