Tipper est-il un artiste qui se cherche ? La première fois que dMute tendait l'oreille vers son travail, c'était pour 
Surrounded. 
Tipper y proposait alors une musique qui lui valut d'être comparé à 
Telefon Tel Aviv ; comprendre électronique glitchée au mood trip-hopien assez peaceful. Mais déjà, sur l'album suivant, 
Tip Hop, le britannique partait sur une route qui le rapprochait nettement plus de celle de 
Prefuse 73 ; comprendre glitch-hop destructuré aux collaborations rapeuses. Pour 
Relish The Trough, 
Tipper effectuait ce qui semble être son dernier virage. Il prit une direction qui n'est pas sans rappeler les travaux de 
Mr Oizo ; comprendre techno expérimentale acidulée aux sons écrasés à la petite cuillère. Non, 
Tipper n'est pas un artiste qui se cherche. Si ce parcours semble disparate, il n'est en aucun cas le signe d'une recherche échevelée prenant son pied dans l'éternelle insatisfaction. Il est simplement le fruit d'une constante évolution. Le son de 
Tipper, en dehors de la maturité qu'il a acquise au fil du temps, ne change pas tant que ça. C'est plutôt ce à quoi il est mis à contribution qui a mué, sans que cela ne l'empêche de faire remonter à l'occasion quelques réminiscences de ses premières amours. 
A Touch Of The Vapours introduit 
Tertiary Noise. Ce titre rappelle la période 
Surrounded évoquée plus haut. Sur 
Re- Am Ing The Light Fantastic, les scratchs trafiqués évoquent quant à eux la période 
Tip Hop. 
Swipe (Dub) passe ensuite à un registre plus dubstep. Voilà pour le tour de la propriété. Après ces trois pistes 
Tipper se voue essentiellement à son dernier délire en date : une mixture de big beat, d'acid techno et un soupçon de glitch. Le big beat correspond à l'enveloppe des compositions, autant dans leur état d'esprit que dans la cadence qu'ils s'imposent. L'acid techno pour le timbre des claviers. La tendance glitchienne, elle, n'apparaît que sur certains morceaux – dissection moderne oblige – encore que 
Tipper ne semble pas lui accorder trop d'importance. Les rythmiques chez 
Tipper se dévoilent dans leur plus simple appareil. C'en est parfois à se demander si elles ne seraient pas sorties brutes d'une base d'échantillons quelconque sauf qu'on s'en fout car l'intérêt ne réside pas là. 
Tipper fait chanter ses claviers de façon très originale. Les gimmicks sont espiègles. Ils s'interpellent, se provoquent, se répondent, s'envoient leurs sarcasmes d'un ton nasillard, sont ballonnés et régurgitent ce qu'ils ont avalé au petit matin. Le ballonnement de gimmick, c'est un peu comme si l'on scratchait un vinyl sur lequel serait enregistrée une partie de synthétiseur. La métaphore abdominale paraît peut être hasardeuse, mais elle n'est pas si éloignée de la réalité que ça. N'est-ce pas le rot d'un laptop qui sert de métronome à 
Multiplexus ? N'est-ce pas le borborygme d'un ventre qui donne le ton sur 
Open The Jowls ? N'entendons-nous pas d'étranges gazouillis gutturaux introduire 
Unitizer ? Si les bouteilles de Fanta World se disent "inspirées du fun de Hawaï", pourquoi le fun de 
Tipper ne pourrait-il pas s'inspirer des éructations provoquées par une bouteille de Fanta World ? Ce concert de gargouillements donne finalement à la musique de 
Tipper une carnation assez digestive. Mais une digestion légère. Celle dans laquelle pourrait vous plonger un verre de Fanta World bien frais, absorbé juste avant d'onduler du bassin au son d'un ukulélé parfaitement fun. 
	
	
		Chroniqué par 
		Tehanor		
		le 28/05/2008