Retour sur Lex de Subtle deux ans après A New White et quatre après la série d'ep's saisonnaux passés plus ou moins à la trappe. Ambitieux projet de band abstract et expé porté par Dose One (Adam Druker) et Jel (ex-Themselves), Subtle, pour For Hero: For Fool, se détachent pourtant de ses précédentes productions et fournit un album que l'on pourrait qualifier (à la surprise de certain) de plus accessible.
En effet, le troma des précédentes incartades stylistiques digéré, assimilé, For hero: for Fool apparait pour les oreilles averties comme la continuité d'une logique d'experimentation et d'imbrication. Réunissant donc autour de Dose One et Jel qu'on ne présente plus, quatre instrumentistes qu'on ne prend pas la peine de présenter, le "projet Subtle" poursuit sa route sur des chemins de traverses pourtant de plus en plus balisés. Ce qui on le précise ne gage en rien de sa qualité ou de sa diversité.
Le dyptique A Tale of Apes 1&2, sur lequel s'ouvre For Hero: For Fool, permet d'apréhender d'emblée la mécanique combinatoire du sextet: voix de Dax samplée, rap/chant singulier de Dose One (le bougre n'a pas perdu la célérité de flow qu'on lui connait), loop obsédante de Jel et intervention synthé décalée, violoncelle electrique d'Alex. Le tout à un rythme inhabituel, avec une energie palpable. A ce dynamisme de la part 1, la part 2 met plus clairement en opposition la période cLOUDDEAD: nappée et discrètement instrumentalisée. Complémentaires et autoréférencées donc le dyptique indique la direction choisie.
La suite coule alors presque naturellement lorsque l'on rebondit sur Middleclass Stomp et ses instrus plus présentes (batterie acoustique, riffs de guitare, violoncelle) combinés au travail de sampling de Jel et aux élucubrations vocales de Dose. Deuxième dyptique en fait puisque Middleclass Kill qui lui succède s'avère être la version surnappée et étouffée de la précédente, toujours à tendance rock (si l'on peut dire), sorte de combat entre les instrus et la MPC de Jel.
S'enchainent Midas Gutz, plus franchement abstract hip-hop et Nomaninisland plus electro-pop typée 13&God. Et arrive The Mercury Craze, nouveau contre-pied, dansant! Le single annoncé de l'album, rythmé, kické, superposé, mouvant. Sans doute la prestation la plus effective en live. Bed to the Bills et Return to the Vein dérivent quant à elles vers un post-rock hybride, soutenu par un Adam Drucker plus vif que jamais (sur Return to the Vein en particulier).
Enfin, conclusion monolithique sur deux blocksongs de 8 minutes chacune, avec mention spéciale pour The Ends enregistrée dix mois après le reste de l'album suite à l'accident de voiture du groupe. Dédiée à Dax et composée à son retour de convalescence. Belle harmonie, ouverture alléchante et interludes ambiant.
Deuxième partie de la trilogie Subtle contant l'histoire de Hour Hero Yes (le personnage en cover), For Hero: For Fool remplit son objectif : faire descendre le héros dans la rue, le sortir de la chambre à coucher dans laquelle il se trouvait pour A New White. Un album qui s'articule autour des oppositions chant/rap de Dose, sampling/instru, abstract/concrete, fureur/mélancolie. Opus qui raisonnera aux oreilles des amateurs de hip-hop anticonien comme familier mais aussi comme plus abouti. La collaboration à 6 a en effet indéniablement apporté un plus en terme de créativité (même si Adam Drucker en reste le doux-dingue maitre à penser), et l'energie contenue ici offre au sextet une ouverture plus grande quant à sa diffusion. Une révélation peut-être pour certain, une confirmation pour d'autre. Une belle production hiphop/electro/folk/rock/pop, si, si.
Chroniqué par
Demokrite
le 16/11/2006