Zucchini Drive est le fruit de la deuxième collaboration entre Marcus des 
Stacs of Stamina et Siaz des 
Cavement Speak. Après un 
Vikings and Waffles passé inapercu il y a trois ans, les deux compères nous reviennent en invitant un parterre de producteurs de talent. A ce décrassage en profondeur de l'underground hiphop européen sont en effet conviés outre 
Alias (Anticon) et Markus Acher (
Notwist, 
Lali Puna) qu'on ne présente plus, 
Giardini di Miro  (l'excellente découverte post-rock transalpine), trois membres de l'écurie electro/pop Morr (
B.Fleischmann, 
Populous, 
Styrofoam) et Lord Grunge de 
Grand Buffet. Décrassage ou remodelage, expérimentation ou changement de direction ? Il est vrai qu'on ne sait plus vraiment si l'on doit encore classifier, se perdre dans les méandres d'une taxinomie bien trop mouvante et souvent totalement rejetée par les acteurs de la scène eux-mêmes. Par facilité, on appelera ça du post-hop, terme générique augurant d'un futur incertain.
A la croisée des chemins entre hiphop, où le rap partage sa place avec le chant, post-rock et electronica, 
Being Kurtwood offre à l'auditeur la synthèse réussie d'une émulation bienvenue. De 
Painting Things in Harsh Colours à 
Good Music & Indian Food, les deux Mc's se passent le mic avec brio avec des incursions au chant assez réussies de la part de Marcus que Siaz complète de belle façon avec un flow plus haché, plus violent. Rejoint par 
Bleubird sur 
Easy Tiger, l'entente des trois Mc's déjà éprouvée avec la formation 
Gunporn s'exprime parfaitement sur cette track produite par 
Grand Buffet. Résolument hiphop donc comme sur 
Easy Tiger ou 
Bonafield Gambler produite par 
Alias, mais aussi teintée d'electro-pop sur 
Sombre City produite et accompagnée au chant par Markus Acher, ou proche de la balade trip-hop sur la production de 
Populous, 
Being Kurtwood se veut résolument hétérogène. On ne sait jamais vraiment sur quelle surprise s'ouvrira la piste suivante et au final on se rend compte qu'il importe peu. Les qualités de production de cet opus sont en effet telles qu'à l'irréprochabilité musicale s'adjoint souvent une très belle prestation vocale. 
Earth to Kurtwood produite par 
Kaeoflux offre par exemple un très beau départ à Marcus bien soutenu par Sias sur fond d'electro-pop indé alors que 
1000 Streets Beneath The Sky s'apparente plus à de l'Anticon surdopé, à la manière de 
Deep Puddle Dynamics. Ajoutons à cela les très belles prestations que sont 
Vagabondages et 
Banned from Poland où l'on sent pregnante la touche Morr et l'on obtient un album complet.
Complet et pourtant inclassable, hétérogène mais articulé, 
Being Kurtwood est surtout une lettre ouverte et inachevée, un appel à la collaboration et à la réunion de talents divers. Le travail avait été engagé par 
13 & God pour exemple, il est toujours en cours, on ne peut que s'en réjouir.
	
	
		Chroniqué par 
		Demokrite		
		le 02/10/2006