Do you believe in the house music ? Dans la pulsation fondamentale de
Way of life, un jack épais et pur, radical et autoritaire, résultat d'une collaboration de
Technasia avec les titans
Farley Jackmaster Funk,
Dave Clarke & Dj Rush, cette musique est présente comme au premier jour. Ce jour où l'Europe, prenant la baffe d'une techno tout juste échappée de Detroit, tend l'autre joue à la house Chicagoanne, et module l'affaire en voulant suivre ce qui se fait là-bas avec les moyens d'ici ; un premier jour, alors que les scènes techno et house semblaient plus proches, quand les sous-sous catégories hyperspécialisées ne segmentaient pas encore le public. Ce premier jour qui n'est pas qu'un mythe, car les mythes sont morts et rien n'est plus vivant que l'état d'esprit que porte
Technasia à travers techno, house ou trance.
Une musique présente, pour commencer, avec ses faux défauts adorables. Nappes trances qui frôlent l'exotisme bon marché, solos bavards, comment a-t-on osé se passer de votre séduction (
Eclipse Café) ? Avec ses qualités les plus percutantes, les textures bien denses, profondéments physiques qui l'agitent, avec ses aurores dynamiques aussi,
Pop Soda ressemble à un réveil après une longue nuit d'anesthésie. Quelques accords de claviers suffisent à extasier le danseur qui hibernait sur les autoroutes minimales et à le faire rappliquer avant que sans transition, on ne mette l'accélérateur (
Tropicalia 1 & 2).
L'album prend vite une dimension époustouflante dans la simplicité et l'efficacité des tracks alignés dans des formats variés, crispy acid là (Dominado), techno killer basique et évident aussitôt ensuite (
For we are all children of earth), tracks bounce implacables avec les producteurs références de la ghettotech (
Nasty &
Godfather pour respectivement
2 the floor, orienté vers le mouvement des culs, et
Ghett-o-freak, vrille acid hautement toxique), ou encore hymnes rave à l'ancienne (trance magique avec
Final Quadrant, 4/4 acid avec
Acid Storm et
Sentient).
Le programme est admirablement organisé à la manière d'un DJ set / radio show idéal (cf. les interludes dans différentes langues, dont des extraits du DVD
Godfather's Chronicles) : après une subtile montée en puissance et un plateau dévastateur, on reflue vers des morceaux moins rentre-dedans, plus deep et plus pop. Là encore, chaque morceau mériterait qu'on s'y attarde, et l'intervention d'invités prestigieux (
Joris Voorn,
John Thomas) contribue à faire de ce disque plus qu'une réussite, un symbole.
Car en effet,
Pop Soda est d'abord un authentique album techno-house comme on en fantasme souvent et comme il en existe peu ; il évite à la fois l'écueil de la compilation fourre-tout garantie en exercices de style bancals et autres hybridations mal foutues, et le piège de la collection pesante de tracks monolithiques qui vaut démonstration d'un savoir-faire. Mais au-delà, c'est surtout une sorte de best-of subjectif de la musique électronique dancefloor (techno, house, trance, tech-house et leurs variantes "deep", mais aussi ghettotech, techno-pop, etc.). Et c'est une expérience riche en sensations et en émotions que d'entendre cette musique à nouveau à ce point présente, comme si l'exaltation des années 90 n'était jamais partie, en sachant que c'est peut-être l'ultime fois qu'elle nous touche à ce point, en sentant qu'on a grandi - aussi.
Chroniqué par
Guillaume
le 24/08/2006