Trois anglaises en robe à pois tentant de ressusciter l'esprit des "girl groups" du début des sixties à coup de choeurs à la tierce, de chorégraphies délicieusement niaises et de sourires charmeurs : à première vue, les
Pipettes ont tout du concept marketing bien étudié, dont le timing parfait (l'album sort pile à l'heure pour l'été, ça tombe bien, vous aviez envie de fraîcheur...) peut légitimement agacer.
Certes. Mais une seule écoute de l'album en question suffit à rendre totalement déplacées les observations ci-dessus, aussi justes soient-elles par ailleurs. Car
We Are the Pipettes est tout simplement l’une des collections de popsongs les plus époustouflantes que l'on ait entendu ces dernières années : en à peine plus d'une demi-heure, Rose, Gwenno et Becki (remarquez comme on est devenu soudainement plus familiers en l'espace d'un paragraphe...) alignent pas moins de quatorze titres imparables, aux mélodies en accroche-coeur et aux textes malicieux, dont la candeur surfe idéalement entre le premier et le second degré.
Evidemment, les références abondent tout au long de l'album ; mais contrairement à ce que l'on pourrait croire, elles vont bien au-delà de la seule lignée "sixties /
Phil Spector", ou même de l'écurie
èl Records, à laquelle les plus esthètes d'entre nous auront tôt fait de les associer. Ainsi,
Dirty Mind fait écho aux ambiances ensoleillées des
Go-Go's (les ancêtres des
Pipettes ?) ; le refrain de
Sex évoque immanquablement les
Smiths, période
This Charming Man ; et le dernier single en date,
Pull Shapes, se paye même le luxe de chiper la mélodie du
Teenage Kicks des
Undertones, pour en faire un drôle de bonbon acidulé, enrobé de choeurs sucrés et d'envolées de violons !
Pourtant, réduire
We Are the Pipettes à la somme de ses influences serait particulièrement injuste ; celles-ci n'agissent en effet que comme des clins d'oeil, disséminés ici et là au gré de chansons tellement évidentes que l'on serait bien en peine de dire lesquelles sont nos préférées...
On pourrait encore parler des heures de choses aussi futiles que la production de l'album ("glossy", mais juste ce qu'il faut) ou de l'inévitable succès planétaire auquel il est promis, mais ce serait autant de temps que l'on ne pourrait consacrer à remettre ce disque sur notre platine. Une fois n'est pas coutume : plongez dans la hype sans aucune arrière-pensée, car l’album des
Pipettes est un parfait délice pop, et passer à côté serait tout à fait impardonnable.
Chroniqué par
Bigmouth
le 22/08/2006