Découverte en février 1973 par l’astronome Tchèque Lubos Kohoutek, la comète du même nom devait passer au plus près de la Terre le 28 décembre de la même année. Histoire de célébrer l’événement,
Sun Ra donna 6 jours plus tôt au Town Hall de New York ce
Concert For The Comet Kohoutek.
Parti au son de plaintes stridentes sorties des instruments à vent et de coups intempestifs portés aux percussions,
Astro Black adopte bientôt un air de soul bancal, ode chantée aux espoirs drainés par le passage de la comète. Le swing monumental porté par l’ensemble peut alors accueillir avec la même bonhomie les interventions free des saxophones et les clins d’œil fantasques adressé par l’orgue de
Sun Ra au répertoire sonore généralement accordé aux navettes de science-fiction.
Fouillis mais expiatoire, le baroque déployé va voir du côté de la chorale à dimension réduite – qui rappelle sur
Enlightenment le trio
Lambert, Hendricks & Ross – comme de la harangue hallucinée (
Discipline 27 (Part 2)), suit l’allure d’une marche lasse qui conduit le groupe aux portes de l’abstraction (
Kohoutek), pour détoner enfin lorsque sonne l’heure de la libération attendue (
Outer Space Employment Agency,
Space Is The Place).
Précédant la comète,
Sun Ra rêve en musique de quelques révélations fantasques, et signe avec
Concert For The Comet Kohoutek l’un des enregistrements les plus convaincants de son free cosmique. Dont chaque réédition allonge encore la durée du rayonnement.
Chroniqué par
Grisli
le 16/08/2006