La médiocrité habituelles des autoproductions qui atteignent nos oreilles n'a souvent d'égale que leur nombre, et, dans ce contexte, il est réconfortant de découvrir parfois des projets de qualité, des projets qui ont un réel potentiel, qui esquissent aujourd'hui les traits magnifiques qu'ils pourraient revêtir demain, si toutefois une chance leur est donnée. Si nous comptons sur
Two Yellow Tables pour réaliser dans les années qui viennent une œuvre puissante, originale, le groupe français, formé en 2003 autour de la rencontre de Aymeric Segard et de Pierre-François Verley, retient déjà notre attention avec un premier album,
No Bruise.
Comme toujours, rien n'est parfait. Il y a des choses qui agacent : une batterie un peu trop démonstrative ici, une voix un peu trop maniérée là, un solo de guitare électrique un peu trop convenu ailleurs... Mais, au-delà de ces imperfections, on est surpris par la force et l'ampleur qui se dégagent de certains morceaux. Le groupe emprunte beaucoup au post-rock – ses guitares répétitives, ses rythmiques complexes et ses montées en intensité – et plus généralement au versant le plus sophistiqué du rock contemporain. Ainsi les voix filtrées et languissantes, les habillages électroniques et les ambiances éthérées évoquent-ils infailliblement
Radiohead et
Sigur Rós. Et quand un accordéon se fait entendre c'est le spectre de
Múm qui apparaît.
Les morceaux dépassent parfois les sept minutes et, laissant aux instruments de larges plages pour exprimer leur noirceur, survolent des paysages crépusculaires, torturés par les tourments de ses musiciens. Malgré ses quelques faiblesses,
No Bruise est un album agréable, auquel on aime revenir de temps à autre, lorsqu'une envie de spleen nous prend. Espérons que
Two Yellow Tables ne s'apaisent pas trop vite.
Chroniqué par
dfghfgh
le 26/07/2006