Bardo Pond qui, pour mémoire avait débuté dans une veine space-rock, assèche de plus en plus sa musique, devenant à présent un des chefs de file de l’avant-rock, variante cérébrale de ce qu’on peut appeler post-rock (les deux genre ayant tout de même beaucoup en commun et peu pour les départager). Les voilà donc signés sur ATP Recordings depuis
On the Ellipse (l’avant-dernier album), le label affilié au festival All Tomorrow’s Parties, dont la réputation n’est plus à faire en matière de musiques populaires, pointues et exigeantes.
Ticket Crystals se partage en morceau d’obédience pop et longues plages incantatoires et répétitives qui sont, c’est certain après des écoutes répétées, les plus passionnantes. Les guitares traitées comme des drones, les distortions épaisses (
Endurance), le bruitisme ponctuel et les effets spécifiques au genre (delay et reverb) ne dérouteront pas trop les habitués du groupe. Plus atmosphériques que les travaux précédents (
Moonshine), ce
Ticket Crystals ne s’interdit pas d’intenses moments de frappes rythmiques violentes (
Destroying Angel,
FC II) qui réaffirment les origines du groupe : kraut-rock, improvisations bruitistes, free jazz et scène no wave new-yorkaise. Ce sont donc toujours les souvenirs de
Sonic Youth (même si
Bardo Pond ne suit pas encore la même voie pop) et de
Can qui traversent cet album, qui font son excellence (du moins en matière de savoir-faire : le temps nous dira la place de cet enregistrement au sein d’une discographie conséquente et importante), mais aussi son relatif manque de surprise. Comme avec
Sonic Youth, en définitive : le plaisir d’écouter un travail achevé et maîtrisé mais qui, parce qu’il se construit sur la longueur, ne promet pas de révolution à chaque fois.
Chroniqué par
Mathias
le 22/07/2006