Le plus profond respect ne doit pas empêcher la critique. En ouvrant la décennie avec le sublime
The Sophtware Slump,
Grandaddy a depuis des années gagné notre adhésion inconditionnée. Même si leur musique évolue largement au-dessus du lot de la production pop standard, les Californiens ont splité en nous laissant un quatrième album, qui n'est pas de prime abord à la hauteur de ses prédécesseurs, mais qui semble se bonifier au fur et à mesure des écoutes.
En effet, il faut un certain temps pour apprécier
Just Like the Fambly Cat, assez décevant lors des premières écoutes.
Grandaddy n'innove pas, n'explore pas vraiment de nouvelles pistes. Il aurait été étonnant que pour son ultime disque la bande de Jason Lytle révolutionne son univers musical. Au contraire – c'est toujours tentant d'appréhender un dernier long-format sous cet angle –,
Just Like the Fambly Cat sonne plutôt comme la somme de son œuvre. De ce point de vue, il est en retrait de la ligne directrice que traçait
Sumday, sans pour autant renier complètement les propositions avancées il y a trois ans.
Les guitares électriques n'ont pas disparu – on les retrouve parfois en embuscade (
Summer...It's Gone,
Rear View Mirror), quand ce n'est pas au premier plan (
Jeez Louise,
Disconnecty) – mais l'album a moins d'impacts, moins de présence. Pour se simplifier la tâche, nous dirons que
Just Like the Fambly Cat se situe au point d'équilibre entre
Under the Western Freeway,
The Sophtware Slump et
Sumday. Sans pour autant être aussi circonscrit et intime que dans
Under the Western Freeway, le voyage proposé couvre moins d'espace que dans
The Sophtware Slump, même si les synthés planants et les percussions précieusement appuyées donnent à certains morceaux (
Rear View Mirror,
This Is How It Always Starts) une belle ampleur.
Il suffit d'écouter
Just Like the Fambly Cat pour deviner la raison de la dissolution de
Grandaddy. Sauf à l'occasion de quelques courtes pistes pas forcément très réussies (
What Happened...,
50%), à l'exception notable du morceau caché, il est évident que le groupe n'a plus de perspectives esthétiques à explorer, qu'il a tout dit ou presque dans ses trois premiers albums et qu'il se contente ici de broder, avec grand talent certes, sur un motif déjà connu. Néanmoins, il reste que
Grandaddy, même quand sa musique n'est pas portée vers l'avant, développe un univers fabuleux, empreint de mélancolie et d'onirisme, au sein duquel on adore évoluer.
Chroniqué par
dfghfgh
le 07/07/2006