Il est parfois difficile de transmettre son ressenti à une personne. Surtout lorsque ce ressenti découle d’une stimulation sensorielle immédiate. La situation se complique d’autant plus, si la personne n’a jamais eu idée de ce ressenti. Comment expliquer le goût sucré d’un met si la personne n’a jamais mangé sucré ?
Pour ce qui est de l’amour, m’est avis que tout le monde sait ce que c’est. De l’extérieur évidemment.
Mais qu’en est-il vu de l’intérieur ? Qu’en est-il de l’organisme ? Comment affiner la description de son ressenti amoureux autrement qu’en posant la main de sa moitié sur son cœur en murmurant : « Tu vois comme ça palpite ici ? » Peut être, en faisant appel aux microsillons…C’est ce que propose ici
Skat (aka
Fred Aubourg) avec
The Day We Met, prologue aux multiples possibilités d’une rencontre fortuite ou non. Va savoir…
Le corps. Les émotions sur le corps. La réaction du corps à ces émotions. Voilà un peu les ingrédients de cet EP.
Postcard, la piste la plus intense et hypnotique, ne fait rien d’autre que de supprimer tout intermédiaire entre les entrailles et les baffles. Pulsations étouffées, chatouillées par des petits plics-plocs globuleux, voix féminine, susurrée, obsédante dans sa lassitude, disséquée jusqu’à ne plus laisser apparente que le noyau frémissant, tout cela tournoyant dans un espace aux parois molles et chaudes. La sensation à l’état brut, sans la moindre pollution de l’intellect.
Ondines et
The Day We Met sont résolument plus dancefloor. Une tonalité beaucoup plus insolente s’en dégagent, distillant des beats provoc’, rappelant à l’épiderme d’étranges arômes electroclash.
Le devenir de cette rencontre d’un jour est aussi floue que la dernière piste de l’EP. Atmosphère improbable, aux couleurs changeantes, tantôt teintées d’un espoir timide, tantôt minées par un défaitisme mélodique,
Inuite disco laisse plus que jamais l’auditeur abasourdi, une fois le silence de retour. Abasourdi par la facilité avec laquelle
Skat esquisse une musique profondément sensorielle et organique. Abasourdi, mais également frustré… Frustré de cette journée trop éphémère. Alors il ne reste plus qu’à la revivre, encore et encore…
Chroniqué par
P3yolt
le 26/04/2006