Unwound from the Wood est la troisième livraison à ce jour de
Music AM et ménage manifestement une rupture avec l’album et l’EP précédents (
A Heart and Two Stars et
My City Glitters like a Breaking Wave). Plus compacte et fluide, la musique de
Music AM se veut ici moins homogène, moins transparente et abandonne pour un temps l’envoûtement printannier qu’elle pratiquait auparavant.
Et de fait, elle s’épaissit mais permet aussi aux influences de chacun des trois membres (
Luke Sutherland, violoniste chez
Mogwai,
Volker Bertelmann de
Tontraeger et
Hauschka, et
Stefan Schneider de
To Rococo Rot et
Mapstation) de faire saillie à la surface des compositions et mettre au jour la petite fabrique de musique qu’ils ont constitué à trois.
Le devenir funky de la musique du trio se confirme ici sur des titres comme
Say It ou
Always, dont les lignes de claviers semblent directement importées d’un tube disco et relogées ici au sein d’une construction électronique et chantée. La data pop de
Music AM est peu à peu phagocytée par des fragments de rock et de funk (
Miercoles) qui s’amplifient à mesure que progresse l’album :
NY 75 et ses cuivres inventent une uchronie musicale participant autant des seventies de
Isaac Hayes, ses cuivres sensuels et ses marimbas légères que des productions électronica et post-rock contemporaines, dont la marque s’imprime avant tout sur un mode répétitif, une manière de proposer des boucles qui font évoluer les morceaux comme des mobiles au vent (
Your Bones) ou des chémas abstraits enrobés d’une garniture sucrée (
Ten Ton Truck).
Globalement pourtant, c’est bien au sucre que cherche à renoncer
Music AM, avec un certain succès : moins de douceur, moins de rêverie, un peu plus de nerf et de muscle, de quoi quitter les formats adoptés précédemment. Pas encore entièrement mais des éléments nouveaux sont en place. En attendant la suite, désormais avec impatience.
Chroniqué par
Mathias
le 17/04/2006