Seul ou accompagné, au moyen de sa contrebasse ou au son d’un
n’goni,
William Parker met au jour d’autres liens rapprochant Afrique et Amérique, prenant le prétexte d’affinités évidentes entre le monde mandingue et la civilisation olmèque. En bande son, un mélange inédit de jazz et de
merengue, s’accordant élégamment sur le mode évident des origines communes.
En solo,
Parker égrène avec délicatesse les 8 cordes de son n’goni (
Long Hidden) ou dépose, recueilli, un air traditionnel à la contrebasse (
There is a Balm in Gilead). Construisant à l’archet
Cathedral of Light ou jouant du bariolage sur
Compassion Seizes Bed-Stuy, il évoque une musique africaine ancestrale, disséminée bientôt jusqu’aux rives opposées à celles de ses terres occidentales.
Pour faire le voyage, le contrebassiste passe du statut de praticien isolé à celui de leader de
The Olmec Group, formation dans lequelle 4 jeunes musiciens dévolus au merengue côtoient le saxophoniste
Dave Sewelson et un autre contrebassiste,
Todd Nicholson. Dès
Codex, sans trahir l’existence d’un dosage réfléchi, l’ensemble marie le folklore central américain au jazz tapageur bien connu du trio des vétérans.
Le baryton de
Sewelson peut alors virer free sur
El puente seco, composition au rythme soutenu rappelant les allures du choro, ou ponctuer plus rigoureusement la progression impeccable de l’accordéon et des percussions sur
Pok-a-tok, il accompagne partout – comme les contrebasses de
Parker et
Nicholson – l’exécution d’une danse éclatante et frondeuse, canalisant l’énergie des uns et la rage jamais éteinte des autres.
Don Cherry – responsable, par ailleurs, de l’initiation de
William Parker au n’goni – aurait pu rêver de
Long Hidden : The Olmec Series, album mêlant avec réussite le jazz libertaire et une musique du monde qui se distingue des autres par une production plus qu’habile et une raison d’être véritable.
Chroniqué par
Grisli
le 20/03/2006