Premier effort solo long format de 
Ruaridh Law sous l’alias 
The Village Orchestra pour 
Highpoint Lowlife, 
Et In Arcadia Ego, avec son titre latin, se donne comme une tentative pour décliner ce que serait une électronica contre-technologique, pas organique (le terme est un peu galvaudé à présent) mais végétale, ou naturelle.
Et In Arcadia Ego – « Et moi en Arcadie » : voilà situé le lieu agréable de cet album, 
locus amoenus en neuf parties. 
The Village Orchestra a à cœur de figurer des espaces inexistants dans sa musique : village et orchestre fictifs, et l’Arcadie, contrée mythique des bergers des 
Bucoliques de Virgile et de la pastorale.
Ce qui se comprend dans la perspective d’une musique électronique végétale, arborescente plus que rhizomatique (
a contrario, donc, de l’esthétique 
click’n’cut du label 
Mille Plateaux), déployée dans un soucis de continuité du flux musicale plus que de rupture permanente, d’assimilation des traditions plus que de table rase, en proposant des masses sonores, couches glissant les unes sur les autres : plans d’eau, souffles de vent, nuages, dépressions, anticyclones et microclimats, reliefs, glissement de terrain et gazons, potagers, massifs de roses et herbiers. En somme, une électronica paysagiste et / ou botaniste, impressionniste aussi, fonctionnant par larges aplats de sons, de sinusoïdes et de courbes de fréquences variées, ou selon une esthétique davantage pointilliste dans sa disposition des percussions dans le champ sonore.
A peindre le 
génie du lieu, 
The Village Orchestra parvient sans mal, tantôt de manière faible (
Bryan's Tricky « Do You Like The Drummer? » Question, 
Jacob / Bad Hand At Cards v2), tantôt avec force (
COSHH, 
Many Rooms In My Father's House, 
In Arcadia), selon un art des jardins qui n’est pas sans rappeler les théories de 
David Toop sur la musique : art de la poussée ou de la chute ininterrompues et successives, croissance par cycles et réinvention sur les modes de l’un et du multiple (l’arbre / les branchages / la feuille), de la répétition et de la variation et surtout, art de l’embranchement, de la prolifération, de l’impermanence. Ces horizons esthétiques et théoriques, 
The Village Orchestra semble posséder les qualités pour les atteindre : on espère donc que sa carrière à venir confirmera cet 
en puissance de sa musique.
	
	
		Chroniqué par 
		Mathias		
		le 03/12/2005