Projet hybride regroupant la crème de l'underground hip-hop (
Bleubird, fou furieux originaire de Floride et auteur d'un excellent premier album
Sloppy Doctor ;
Marcus du talentueux groupe suédois
Stacs Of Stamina comme en témoigne le récent
Tivoli ;
Siaz et
Nomad du crew belge
Cavemen Speak remarqué pour leur LP
Tell All Residents et enfin
Xndl, producteur allemand),
Gunporn a signé avec
Pretty Pretty Please l'un des tous meilleurs albums de l'année 2004.
Session de rattrapage.
Surprise.A l'écoute de cet opus, c'est le terme qui revient le plus à l'esprit.En effet, les 4 MC's et le producteur prennent des risques, innovent et dynamitent le carcan dans lequel le hip-hop s'enferme peu à peu.
Après une introduction chantée intrigante, le ton de l'album est donné avec
Rappity Rap Rap. Ambiance menacante, basses surpuissantes, flows ultra-rapides et instrumentation complexe. Le décor est planté et il ressemble plus à un hangar désaffecté qu'à une plage de sable blanc.
Le morceau éponyme montre l'ouverture d'esprit de cette cosmopolite bande puisqu'il propose en effet en guise de refrain une douce et frêle voix féminine qui égrenne quelques mots du
Exit Music de
Radiohead.Un beau moment qui précède LE morceau de l'album:
Deaf People Dance.Ne cherchez pas ca ne ressemble à rien de connu. Le beat concocté par
Xndl est dingue, un puzzle de breaks accompagné par une basse aggressive.Le cadeau est trop beau pour les MC's qui se lâchent totalement en nous gratifiant de phases de folie.
On reçoit le tout en plein plexus et c'est encore tout hébeté que l'on aborde
Sandcastle Carnage. Heureusement, l'ambiance est ici plus calme et le petit sample de flûte nous permet de nous remettre du chaos du morceau précédent.Mais le producteur allemand est décidement joueur car il accelère le beat de plus belle sur le superbe
Dawgville qui avec son ambiance drum'n'bass rappelle fortement certains morceaux d'
Orko The Sycotik Alien.
Les deux morceaux suivants oscillent entre hip-hop atmosphérique (
My Cunt Tree Tis Of Thee) et instrumental torturé et flippant (
What Happened To Your Neck?).
It's Funny Cus It's True ramène l'auditeur sur le dancefloor en insufflant une bonne dose de techno mutante dans la dernière partie du morceau.
Les mélomanes reconnaitront des bribes (le refrain et le sample de violon) d'un morceau d'
Enya (
Orinocco Flow) reconstruit en hip-hop drum'n'bass sur
Safe And Away.
La fin de l'album arrive presque et à l'écoute du splendide
U Get On My Tits et ses sonorités électro, on se dit que c'est bien dommage.
Vortices et son ambiance sombre conclut de fort belle manière cet ovni hip-hop.
Les coups de pied dans le cul d'un hip-hop trop consensuel et formaté sont rares et rien que pour cela cet album, passé trop inapercu (car assez mal distribué) mérite votre attention.
Une vraie bombe.
Chroniqué par
Tibo
le 17/10/2005