Membre fondateur de
Godspeed You Black Emperor! – il officiait sur leurs deux premiers disques – et de
Molasses, Mike Moya est aussi l’homme derrière
Hrsta. Après un premier album proposant un folk urbain envoûtant publié sur Alien8 en 2001, le projet
Hrsta semblait enterré. Mike Moya quant à lui réapparaissait au sein du collectif
Set Fire to Flames, ou comme musicien de luxe sur la dernière tournée d’
Elizabeth Anka Vajagic. Belle surprise donc de retrouver le nom d’
Hrsta dans les sorties 2005 du label Constellation, pour un second album attendu.
Stem Stem in Electro s’ouvre sur une longue introduction instrumentale, régulière et crescendo, qui recrée directement les ambiances folk de
L’éclat du ciel était insoutenable. Mais après un peu plus de deux minutes de ce régime,
…And we climb prend un virage vocal inattendu, dans la lignée de celui d’
A Silver Mt Zion. Sauf qu’ici les voix servent à privilégier une atmosphère, un climat, à la manière d’un chœur fantôme entonnant des incantations à la répétition hypnotique (à la manière du morceau d’ouverture de
This is our Punk Rock). Une lente montée qui s’éteint inexorablement, comme sans issue. Le titre suivant,
Blood on the sun, sonne de manière plus familière, rappelant les morceaux chantés du premier album. Un folk léger et brumeux, soutenu par quelques notes de violoncelle et de piano, qui semble résonner entre les façades de béton d’une ville abandonnée. L’instrumental
Une infinité de trous en formes d’hommes poursuit dans la même veine, jouant d’une atmosphère entre dissonances et onirisme. Mais
Folkways orange ramène un peu de lumière dans cette ambiance grisâtre. La voix de Moya y semble plus apaisée et surnage à merveille par dessus des nappes de guitare de d’orgue Hammond. Si le titre de l’album semblait annoncer une incursion électronique, il faut attendre
Swallow’s tail pour en entendre les premières bribes. L’introduction du morceau tresse un thème répétitif de guitare autour d’une rythmique grésillante sortie tout droit d’une boîte à rythme fatiguée. La seconde partie reprend le même thème, mais la batterie remplace les grésillements électroniques. Oscillant sur un rythme martial entre couplets presque a-capella et refrains sans paroles autour de boucles de guitares noisy,
Swallow’s tail s’impose comme l’une des plus belles réussites de ce nouvel opus, confrontant le folk d’
Hrsta à des sonorités plus bruitistes. Nouvel instrumental instable,
Heaven is yours mêle bruits concrets et remodelages sonores, comme échappé des productions de
Set Fire to Flames. Quant au court
Gently gently, il présente une nouvelle facette folk, laissant la guitare en retrait pour des nappes incertaines où l’on croit reconnaître un violoncelle lancinant. Enfin, c’est au plus classique
Quelque chose à propos des raquetteurs que revient la tâche de clore l’album. Démarrant par un duo léger entre violoncelle et guitare, le morceau s'amplifie à mesure à grands renforts de percussions et de cordes. Long instrumental, il se transforme dans sa dernière partie, à mesure que réapparaît le chœur d’ouverture. Mais le mot de la fin appartient au violoncelle et à la guitare, qui s’éteint comme fatiguée.
Dans la lignée de
L’éclat du ciel était insoutenable,
Stem Stem in Electro transforme par petites touches l’univers d’
Hrsta. Si l’on retrouve à nouveau ses atmosphères glacées et urbaines, un souffle spectral s’empare de la musique par instants, pour dessiner les contours d’un folk hanté, dans la lignée de certains passages du dernier
Matt Elliott. Mike Moya poursuit son chemin musical, créant une musique qui lui ressemble, aux carrefours de ses multiples collaborations. Un songwriting étrange, émergeant de la brume dévorant cette cité fantôme que semble habiter
Hrsta.
Chroniqué par
Christophe
le 18/09/2005