Après avoir fait ses classes auprès de 
Bob Brookmeyer, 
Joe Henderson ou 
John Tchicai, la saxophoniste danoise 
Lotte Anker joua en quintet aux côtés de 
Niels-Petter Molvaer, avant de se tourner, en 1995, vers la musique improvisée.  En compagnie du pianiste 
Craig Taborn – sideman de 
James Carter ou de l’
Art Ensemble Of Chicago -, et du batteur 
Gerald Cleaver, elle dresse un 
Triptych à sept faces, dense et percussif. 
Grinçantes, d’abord, les attaques de 
Cleaver, connaissant lui aussi à merveille l’improvisation et ses débordements pour les avoir mis en lumière auprès, entre autres, de 
Peter Kowald. Prenant rapidement en main la situation, la retenue engage le trio à mesurer sagement l’intrusion périodique des assauts, avant de ne plus rien filtrer des phrases fulgurantes (
Triptych).
Chaleureux, le saxophone dirige les efforts de ses partenaires sur une composition moins libre que déconstruite, avançant irrémédiablement jusqu’au brouhaha intentionnel (
Cumulus). Déliés nonchalamment, les motifs circulaires du piano, traités au rythme des densités sur 
Mr. Yin & Mr. Yan, trouvent leur véritable raison d’être sur 
The Hierophant. 
C’est justement là que le trio l’emporte. Les graves y bousculent le fond institué par une rythmique presque descriptible, en attendant l’entrée en jeu d’
Anker. Chose faite, le grain charmeur du saxophone, pourtant semeur de trouble, persiste et signe la puissance d’un morceau implacable, infiltré de redondances. 
La tempête essuyée de manière majestueuse, reste un piano flottant sur quelques coups répétés sur cymbales (
Frog Floating). Emportements et instants de calme se disputent une dernière fois toute la place, avant de noyer l’intérêt à force d’insistance. Seul laisser-aller de rien concédé par la maîtrise du trio, dans la composition d’un 
Triptych vertueux de profondeur. 
	
	
		Chroniqué par 
		Grisli		
		le 12/09/2005