The Repulsion box, titre étrange, séducteur, engageant, aguicheur, comme l'annonce d'une intimité (dans une petite boîte…) violente (…de répulsion). L'objet, dix morceaux sans répit ou presque (
Choked), 30 minutes de rock sauvage mâtiné de folk, de country (
Choked à nouveau), d'accents texans, de stetsons poussiéreux, de rythmiques galopantes (
Red Receiver), le tout emmené par la voix rêche et la guitare d'
Adele Bethel, avec son compagnon
Scott Paterson à la voix grave et chaude dans la sarabande.
Rythmiques binaires (
Monsters,
Hunt), incantations épileptiques (
Rama Lama,
Dance Me In), récits de poursuites épiques évoquant Ford, Peckinpah ou Penn (
Hunt,
Taste the last girl) où plane le spectre chamanique de
Patti Smith. Car
Sons and Daughters fait la preuve de la même capacité à écrire des morceaux autour de rythmiques tribales, guerrières (
Dance Me In), conquérantes, et de guitares incandescentes.
Sons and Daughters, c'est un peu la réunion mystique où l'on évoquera les grands esprits du
rock western, les chamans, les prêtres, morts ou vivants,
Patti Smith,
David Eugene Edwards,
Jim Morrison, Leonard Cohen. Du rock habité, qui peut-être n'aurait pas dû venir après cette pléiade sacrée, mais qui n'en reste pas moins puissant, intense, émotionnellement violent.
Pourtant, fine ligne de démarcation d'avec ces ascendances, la musique de
Sons and Daughters est située dans un temps où les choses vont plus vite, où l'on ne s'arrête pas de fuir. On est loin des titres lentement déployés vers une acmé de feu, comme
Gung Ho de
Patti Smith. Ces incantations,
Sons and Daughters les ont réduites à leur quintessence, leur immédiate violence (
Dance Me In). Même
Rama Lama, le titre qui se développe avec le plus de lenteur vers le point-limite de l'incantation, est contenu dans cinq courtes minutes. Une boîte de répulsion, en définitive, petit objet cubique à la limite de l'explosion. Un temps fulgurant, crié, ivre et brûlant. Aussi fort que son titre,
The Repulsion Box.
Chroniqué par
Mathias
le 12/09/2005