Après plusieurs EPs sortis sur divers labels, Tim – alias
Exile – signe son premier album chez Planet Mu. Rappelez-vous
Computer Selecta d'
Interlope qu' introduisait l'excellent
Mashing Wachine : cet élan breakbeat, dont les flux et reflux rythmiques venaient se briser sur une énorme basse synthétique. Ce n'était encore rien comparé aux déferlantes d'
Exile.
Exile, c'est un peu le robot qui virevolte autour des oreilles en allant chercher ses outils pour réparer le logo THX, alors que les spectateurs, encore mus des remous d' estomac engendrés par l'énergie infrabasse déployée, peinent à digérer les premiers popcorns engloutis pendant les bandes annonces.
Il suffit juste de lui donner les moyens : délogez les poussières incrustées dans les derniers créneaux de votre bouton de volume et vos enceintes frétilleront de bonheur sous les ondulations parfaitement maîtrisées que leur font subir le petit diplômé en électro-acoustique. Sans même respecter l'ancestrale recette intro / drum / break ... / bass / drum&bass,
Exile arrive à nous envoyer dans les oreilles un tube qui laisse sans voix :
Broken Language. Espèce d' hybride entre drum n' bass, hardcore et breakcore évoluant au fil des secondes, ce morceau issu d’une collaboration avec
John B. se révèle d'une incroyable efficacité et constitue la pièce maîtresse de l'album.
Mais s'arrêter sur ce point serait une erreur. Car même si Tim maîtrise la drum avec une certaine dextérité, ce ne sont pas là ses seuls talents. Il nous dévoile, tout au long du CD, son univers fait de multiples facettes, sentimentalement divergentes, rythmiquement différentes, et techniquement bluffantes. Il saute en l'air le poing levé, frappe une case, course le champignon tout jovial qui en sort pour le bouffer et cracher gaiement des boulettes au fromage sur
Mushroom Santa. Pour
Open Mike, il plonge dans un verre une pastille drill n' bass sans sucre qui lui donne un léger goût d'
Aphex Twin. La gorge défragmentée, il nous chuchote plus tard un
Sliiime fastueux et émouvant, qui amincit par la même occasion la probabilité de ne pas séduire son auditoire. C'est enfin sur le big beat ensorceleur de
Merlin qu'il vient mettre terme à une heure de voyage au coeur de son électro diaboliquement ingénue.
The Devil is in
Exile.
Exile is in The Devil. Sleep tight. Drum 'n bass ne rime plus avec monogamie sonore, oligarchie dancefloor, ou paramnésie d'efforts.
Chroniqué par
Tehanor
le 29/08/2005