20 années passées en tant que percussionniste aux côtés de
Joëlle Léandre,
Fred Frith, ou encore
Eugene Chadbourne, n’auront en rien entamé la discrétion frôlant l’anonymat de
Kevin Norton. L’homme est pourtant prolifique, multipliant les formules comme les manifestes, qu’il publie d’ailleurs aujourd’hui, pour la plupart, sur son propre label.
Tel est le cas de
Time-Space Modulator, dans lequel son
Bauhaus Quartet interprète des compositions signées
Norton, à une exception près, pour le compte du
Norton label, Barking Hoop. L’aventure compte pourtant d’autres protagonistes, et puisqu’il en faut, pourquoi ne pas les choisir comme on pourrait en rêver :
Tony Malaby (saxophones),
Dave Ballou (trompette, cornet) et
John Lindberg (contrebasse).
Entre deux morceaux frénétiques - l’un porté par un swing en demande de décalages (
Mother tongue), l’autre au laisser-aller intense célébrant le final (
Moonstruck) -,
Kevin Norton se révèle être un impressionnant peintre de situations : d’explorations d’instants étirés (
Microbig) en procession minimale (
Atie Aife), d’hommage appuyé au maître
Mint Hinton (
Milt’s Forward Looking Tradition) en dissonantes retouches de mélodie facétieuse.
Ailleurs, le quartet arrive à mettre sur pieds des constructions aux particules étranges. Ainsi, sur une figure rythmique impeccable, on évoque à la fois
Donald Byrd et
David Lynch, avant de lier le tout d’un clin d’œil évident à l’
Art Ensemble (
Didkovsky). Une affaire d’atmosphère originale, mystérieuse parfois (
Seoul Soul), qui court fièrement d’un bout à l’autre d’un disque frondeur et réussi.
Chroniqué par
Grisli
le 25/04/2005