Le contrebassiste 
Dominic Duval a récemment tenu à jauger, en compagnie de 3 amis, l’influence de la proximité des rapports sur l’improvisation en duo. Deuxième des trois sets publiés par le label Drimala - après celui enregistré en compagnie du multi instrumentiste 
Mark Whitecage -, 
Rules of Engagement, Vol.2 demande la participation au projet d’une figure majeure du jazz libre : 
Joe McPhee.
 Cet adepte de la trompette de poche fait le choix du saxophone ténor pour improviser, mais aussi interpréter (
Amazing Grace, 
While My Lady Sleeps), aux côtés de 
Duval. Dire encore que les musiciens se connaissent bien, et attendre de voir ce que deux des membres du 
Trio-X donnent sans le manquant 
Jay Rosen.
 D’abord, la mécanique : de l’archet ou de pizzicati, 
Duval pose le rythme. Connaissant trop la musique pour ignorer qu’improviser n’est pas, comme beaucoup le pensent, abandonner la mélodie, 
McPhee impose un jeu de références, mélodiques ou non, et se permet d’enrichir les préparations du contrebassiste : de couacs, à la manière d’
Albert Ayler (
Coming Forth), de clins d’œil à 
Dewey Redman (
Sunday Improvisations 1, 
Sunday’s Coda), ou encore, d’évocations de 
Steve Lacy (
Birmingham Sunday).
 Et puis, au milieu de l’album, 
Joe McPhee nous parle (
Monologue): de la musique, qui ne naît pas seulement des notes, ni seulement du rythme. Lui, n’a d’ailleurs qu’à suivre le cours majestueusement creusé par 
Duval, qui soutient, entraîne ou apaise, enrichit d’harmoniques ou double les interventions du saxophoniste. Les manières sont diverses (archet, pizzicati ou même slap) mais l’effet toujours adéquat : paisible sur 
Amazing Grace, dont le célèbre thème subit ici le sort que 
Monk réservait à 
Just a Gigolo ; inspiré sur 
While My Lady Sleeps ; toujours subtil.
 S’il existe seulement des moments d’entente, 
Duval et 
McPhee ont indéniablement su les saisir. Etablissant des parallèles sonores entre leurs instruments, se permettant de répéter à l’envi une ligne mélodique à peine trouvée ensemble, ils donnent ici leur vision, réfléchie et délicate, de l’improvisation. La rencontre est fructueuse et se termine le dixième morceau passé. Comme deux amis se quittent, 
Solo Sax et 
Solo Bass se succèdent pour clore l’album. Attendre, alors, que sonne l'heure des retrouvailles. 
	
	
		Chroniqué par 
		Grisli		
		le 07/02/2005