La musique d’
Immune est empreinte d’un sens rare de la nécessité. Elle se situe juste au-dessus du seuil en deçà duquel il n’y a pas de musique, mais simplement des notes et des sons disparates sans lien aucun entre eux.
À l'écoute d'
Immune, il semble, en effet, que chaque note, chaque nappe sonore, chaque dérangement électronique qui vient subvertir la structure pop des morceaux, chaque phrase chantée, a été pensé, apprécié, pesé, éprouvé et modifié peut-être, afin de n’en conserver qu’une version sublime, c’est-à-dire de laquelle tout élément impur a été éliminé.
Ce minimalisme musical, ce nominalisme musical, dira-t-on plus exactement, fait d’
Immune un disque homogène. Flirtant avec l’uniformité, il lui échappe cependant en développant de fines variations sur un fond lent et cotonneux.
Si la plupart des morceaux qui le composent portent une voix au timbre étouffé, égarée comme entre deux mondes,
Kites (qui substitue au chant le sample d’une voix féminine) et
Sound Inside, ainsi que le final de
Father’s Falling, en explorant des voies plus explicitement expérimentales témoignent de l’inventivité du groupe.
Le nominalisme musical d’
Immune n’est donc pas la marque d’un manque de ressources, mais plutôt le fruit de la recherche d’une forme de richesse, plus ambiguë, plus intime aussi.
Chroniqué par
Jérôme Orsoni
le 31/01/2005