Depuis le succès de l’inusable 
Tri Repetae, 
Sean Booth et 
Rob Brown n’ont pas chômé, opérant un virage aussi radical que métallique sur le très mal accueilli 
Chiastic Slide, avant de confirmer cette tendance avec un 
LP5 encore plus barré que son prédécesseur.
Premièrement, impossible de passer outre la pochette ultra-dépouillée, ornée pour unique inscription d’une gravure affichant le nom du groupe. Une carence d’indices qui ne s'estompera qu’une fois le disque glissé dans la platine, car hormis une sobre liste de titres, l’intérieur ne renferme rien. Le message semble clair : 
Autechre tient à attirer l’attention sur sa musique, qui est bien assez riche pour se passer de commentaires.
Confirmation à deux cent à l’heure dès les premières secondes de l’incroyable 
Acroyear2, dont les percussions rapides et les basses puissantes risquent de laisser plus d'un auditeur en état de choc, ou du moins de complète incompréhension face à l'avalance de sons qui le submergent. Une fois cette introduction passée, le rythme se pose un instant avec les nappes et le beat plus hip-hop de 
Rae, avant de reprendre du service avec l'ambient destructuré de 
Under Boac et de 
Corc, qui ne sont pas sans rappeler les meilleures productions 
Aphex Twin, version 
Richard D James album.
Comme à leur habitude, 
Autechre parviennent pourtant à se démarquer de leur  compère dans leur manière de travailler les mélodies, dont la fébrilité contraste avec les éléments plus radicaux de leur programmation. Une alchimie qui se dévoile dans toute sa splendeur en fin de parcours, avec la boucle aérienne de 
Drane2, sur laquelle viennent se poser un ensemble de percussions agencées selon la technique du boucing ball, ou de la petite balle fluo qui rebondit. Contemplative et abstraite, cette longue pièce cinématographique conclut à merveille une heure d'explorations en tout genre, qui laissent un goût de maîtrise totale dans les oreilles.
On pourra toutefois regretter le manque d’uniformité de l’ensemble, qui ne possède pas la même cohésion que celle qui sera affichée par 
Confield trois ans plus tard, ainsi que la présence de certains morceaux moins marquants, comme les dispensables 
Melve et 
Caliper Remote. Ces légers reproches confirment cependant la teneur hautement expérimentale de ce 
LP5, qui semble difficilement recommandable à ceux d’entre vous qui désirent entrer pour la première fois dans l'univers particulier du duo de Manchester.
Ainsi, si cette cinquième livraison d’
Autechre se révèle plus brute que les précédentes, elle n’en demeure pas moins essentielle pour quiconque se sera affûté les neurones avec 
Amber ou 
Tri Repetae. Car parmi les éléments de ce que certains détracteurs traitent sans scrupule de paquet de percussions métalliques et chaotiques sommeille une âme subtile et délicate que seuls les initiés sauront apprécier à sa juste valeur.
	
	
		Chroniqué par 
		David Lamon		
		le 01/08/2004