Toujours signée sur le fameux label
!K7, c’est armée de son spoken words incisif qu’elle livre son second opus
Silver or lead. Des mots qu’elle ne mâche pas, elle affirme sa position féministe et c’est avec un vocabulaire cru qu’elle aborde des sujets à maux tels le sexisme, l’esclavage ou encore la politique; elle dresse un portrait de la condition féminine, un état des lieux... Se méfier de l’eau qui dort, sous cette musique en apparence calme se cache une réelle furie, subversive, toujours très proche du freestyle, Ursula, bien qu’étant poétesse et non rappeuse, est sans aucun doute issue de la culture hip-hop. Alors que la tendance commerciale du hip-hop féminin est d’arborer une sexualité exacerbée et de vêtir le strict minimum afin de prouver sa force de caractère (ce qui aurait plutôt tendance à accentuer cette vision de la femme objet), Ursula a su se démarquer tout en conservant l’emballage originel, imprégnée de ses racines culturelles. Elle préfère choquer par ses paroles, sa méthode de combat est bien différente, plus forte aussi, les mots sont une arme redoutable, aiguisés à en être tranchants, activiste militante pour cette dignité féminine.
Le spoken words enflammé d’
Ursula Rucker s’accompagne d’une musique jazz/soul, mouchetée d’électro, une musique qui accentue la force des mots. Elle pourrait passer au second plan, vu l’importance des paroles, mais la musique a un intérêt majeur, elle apporte une diversité qui aurait tendance à fâcheusement manquer. Un rythme parfois militaire comme sur
Soon, ou plus dansant comme sur
Release, la musique n’est pas mise à l’écart, Ursula a su bien s’entourer, elle collabore entre autre avec
Jazzanova, 4hero, The Roots...
Bien que très proche de
Supa Sista, il comporte moins de passages chantés, et l’électro y est plus discrète, on retrouve malgré tout les mêmes ambiances down-tempo,
Silver of Lead est dans la même lignée que
Supa Sista. Malgré des thèmes parfois caricaturaux, Ursula signe un second album plus mature, dévoilant un spoken words moins inhibé, une récitation dissolvante sur cet état des lieux bien négatif.
Chroniqué par
Peke
le 13/04/2004