Un conseil pour apprécier ce nouvel opus des mythiques et fondateurs
Dub Syndicate : oublier - ne serait-ce qu’un temps - leurs productions précédentes et notamment les signatures chez On U Sound.
En effet d’albums en albums,
Dub Syndicate était parvenu au sommet de son art, imposant un son novateur porté par les rythmiques inimitables de Style Scott et orchestré par le génial alchimiste
Adrian Sherwood et son clan du Onu Sound. Le dub avait trouvé son groupe emblématique.
Plus dure a été la chute et la déception en découvrant, notamment avec le paresseux
Acre of Space, l’épuisement de ce groupe mythique, qui tentait alors un aléatoire retour aux racines jamaïquaines et n’avait de dub plus que le nom. Ce nouvel opus semble, à la première écoute, confirmer ce jugement : le retour aux sources est revendiqué et confirmé, tout comme la place importante laissée aux morceaux chantés, là où la richesse et l’inventivité musicale se suffisait à elle-même. La paresse du groupe paraît même évidente quand d’un morceau à l’autre des sonorités connues et déjà exploitées dans les précédents albums réapparaissent (le mélancolique
Private I). Les temps changent, le dub évolue et
Dub Syndicate serait KO.
Or, La vie n'est pas un "bed of roses" et effectivement l’effort paie à l’écoute de ce nouvel opus. Est-ce une pointe de nostalgie ou de refus face à de trop évidentes évidences, mais à force d’écoutes répétées, l’album se révèle finalement être une œuvre originale et réussie. Le mélange d’influences roots et de sons actuels fonctionne à merveille. Style Scott parvient finalement à créer son propre univers, à part, entre tradition et modernité. Univers où l’on retrouve la signature d’un Sherwood plus discret mais en grande forme. Même l’ombre de Scratch Perry plane sur cet album dont les versions, mix et autre morceau caché viennent souligner la richesse. Les participations vocales s’avèrent également éclectiques et pertinentes, réunissant jeunes toasters et vieux crooners jamaïquains (l’envoûtant
Nothing Comes Easy avec le ressuscité Cornell Campbell, et le lumineux
Kingston 14 qui met en avant le grain de voix si particulier de Gregory Isaacs). Sans oublier la grande réussite de cet album qui à deux reprises (les enthousiasmants
Jamaican Proverb et
Hard & Tuff ) souligne, par des sonorités pleines de richesses discrètes, la poésie-dub énergique de Yasus Afari, clone vocal d’un
LKJ transcendé.
L’alchimie fonctionne, l’envie de faire pêter les basses revient.
Dub Syndicate est mort... vive
Dub Syndicate !
MrKo (Ancien chroniqueur)
Chroniqué par
le 23/03/2004