En 1999, trois énergumènes atypiques pondaient un
Tapis Rouge convaincant. Instru old school, textes décalés savoureux et attitude rock'n'roll, les
Svinkels diluaient le hip-hop dans l’alcool et le calembour cradingue.
En 2003, c’est "le retour des soifards" (sic), avec ce
Bon pour l’asile que j’attendais, pour ma part, avec une certaine impatience. A la première écoute, on est en droit d’être perplexe. Le ton est toujours le même, les textes toujours aussi habiles, mais la production prend un chemin radicalement différent et certains morceaux surprennent, pour ne pas dire déçoivent.
Sauf qu’à y réfléchir, le premier album avait pris quelques temps pour délivrer ses subtilités et il se trouve qu’en approchant celui-là de la même manière, le résultat n’est pas aussi décevant qu’il n’y parait d’un prime abord. Si le fond reste à peu près le même, la forme a évolué.
Les textes sont moins crades, quelques sujets sont abordés avec justesse, critique acerbe de la vieille France sur
Le corbeau, soirée galère qui sent bon le vécu sur
Série noire, ou ego trip percutant sur
De la came sous le saphir.
Ca n’sert à rien est sans problème l’un des meilleurs morceaux de l’album. Une instru hip-hop très efficace, un texte parfaitement ironique et décalé, un vrai fat beat à l’ancienne et des scratches meurtriers, le tout apparaît comme étant simplement imparable.
Hard Amat fait dans le slip-hop malodorant et l’album se termine sur l’excellent
Le plancher m’appelle, réflexion savoureuse sur la vilaine biture qui fait lit de tout bois…
Pour conclure, cet album me semble inférieur au premier, la comparaison est inévitable.
Tapis Rouge m’a accompagné dans bon nombre de mes beuveries, combien de douches à la bière sur
Réveiller le punk et combien de réveils nauséeux sur
Krevard... Toutefois, nous resservir la même sauce aurait été facile, ce nouvel opus est différent, tout simplement. Les
Svinks nous rassurent, ils tournent toujours à la piquette et ne sont pas encore prêts de passer à la Star Ac'. Nul doute que leurs nouvelles élucubrations compteront leur nombre de détracteurs. Il convient néanmoins d’apprécier ce disque à sa juste valeur, sans juger à l’emporte-pièce.
Chroniqué par
WakMc
le 18/10/2003