Le précédent album de FACS – le bouillonnant Still Life In Decay – avait placé la barre très haut dans la discographie du trio chicagoan, on peut dire qu'il en constituait même un sommet obsédant de noirceur et de violence contenue. Moins évasif et harassant dans son ensemble, ce sixième album (tout comme l'excellent morceau que le groupe avait sorti l'année dernière) revient quant à lui à une identité sonore plus brute qui faisait déjà la force du groupe à ses débuts, le retour de leur membre originel Jonathan Van Herik après le départ de sa bassiste remplaçante Alianna Kalaba y étant peut-être pour quelque chose. Par ailleurs, Wish Defense se pare d'une aura tristement funèbre dès sa sortie : celle d'avoir été le dernier disque mis en boîte par le regretté Steve Albini dans son célèbre studio Electrical Audio. L'âme de ce dernier et, avec elle, l'âme de toute la scène noise et noisy rock de Chicago (et plus largement des Etats-Unis) des années 90 planent aujourd'hui sur ce nouvel album.
Depuis son premier album Negative Houses (2018), FACS semble avoir trouvé une équation idéale qu'ils ne cessent d'affiner album après album, une équation musicale héritée du post-punk (le début du morceau Wish Defense a d'ailleurs des airs de Gang of Four) d'abord difficile à apprivoiser mais s'infiltrant tel un venin afin de piéger l'auditeur dans une spirale d'addictions électriques maintenues par une tension permanente. Ainsi, Wish Defense commence à rebrousse-poil par un morceau bizarrement agencé (Talking Haunted) nous rappelant que le groupe ne cherche jamais l'efficacité immédiate mais plutôt une sorte de puissance détraquée procédant surtout par effets d'hypnose. En cela, FACS n'est pas un groupe qui roule des mécaniques mais possède une mécanique singulière qui roule parfaitement, ce dont témoigne ces sept nouveaux morceaux grinçants, assommants et incandescents.
Chroniqué par
Romain
le 09/02/2025