Un musicien qui s'économise n'est pas forcément avare de son talent. Il peut le faire à bon escient, plus centré sur la qualité de son travail que sur les dividendes potentiels.
Ainsi, bon an mal an, Gregor Tresher est devenu une réérence de la scène techno actuelle sans véritablement s'exposer. Une présence si ce n'est fantomatique, du moins en filigrane, à peine dévoilée par quelques singles jetés en pâture à un rythme d'escargot, là chez Cocoon, ici chez Ovum ou encore sur son propre label Break New Soil, qui héberge d'ailleurs sa dernière mouture en long format, Quiet Distorsion.
Un nouveau Lp dont l'annonce face à ce sens de l'apparition voilée, ne peut que réjouir ou inquiéter : les velléités d'une échappée belle seront-elles confirmées ?
Si aucun bouleversement n'est à l'ordre du jour, cet album, aussi accessible que lumineux, risque 'asseoir sérieusement le statut du producteur au-delà de son anonymat tout relatif. Sans dérive putassière, ou oeillades vulgaires, on sent bien le passage inévitable de sa musique dans le domaine "public".
Obsédés par le détail et cette envie assumée du cross-over entre l'ancien et le moderne, ses morceaux ne connaissent pas la crise de temps mort. Amateur d'un groove chaloupé, Tresher perpétue l'esprit d'une techno "light", portée par une production fine et aérienne, dégraissée de tous tics inhérents au genre : kick monochrome et basse blafarde notamment.
Globalement les douze titres de ce Quiet Distorsion restent un beau panel de l'architecture technoide contemporaine, de la plus insouciante à la plus sombre. Un bon cru ma foi qui vous fera facilement oublié que l'été est définitivement terminé.
Chroniqué par
Yvan
le 25/10/2016
