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Anohni

: Hoplessness



sortie : 2016
label : Secretly Canadian
style : Electro Folk

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Tracklist :
01/ Drone Bomb Me 02/ 4 Degrees 03/ Watch Me 04/ Execution 05/ I Don't Love You Anymore 06/ Obama 07/ Violent Men 08/ Why Did You Seperate Me From The Earth? 09/ Crisis 10/ Hopelessness 11/ Marrow

Ecrire un article sur Anohni s’avère en réalité beaucoup plus complexe qu’il n’y paraît. On ne compte plus les articles élogieux qui déferlent un peu partout surtout internet. Principalement des sites anglophones. Même le métro parisien se voit recouvrir de publicités à l’effigie de ce nouvel album. Il faut dire que le disque, annoncé il y a plus d’un an, en collaboration avec Hudson Mohawke (Hud’Mo) et Oneohtrix Point Never (OPN) était plus qu’attendu.

C’est cette collaboration justement qui m’aura mis l’eau à la bouche dès le départ. Annoncé en mars 2015 sur le site de Warp, Antony Hegarty (Antony & The Jonhsons) nous proposait d’emblée un projet qui ne ressemblerait à aucun autre. D’un côté, La voix suave, profonde, et si particulière d’Antony, qui se fait désormais appeler Anohni, et qui est désormais transgenre - on est tenu d’utiliser le pronom féminin à son égard. La précision peut paraître anecdotique, mais il me semble qu’il est important de la souligner pour vraiment s’imprégner du contexte dans lequel est sorti cet album. D’un autre côté, Oneohtrix Point Never, qui a sorti le 13 novembre dernier (comment ne pas se souvenir de cette triste date…) son sublime album Garden of Delete. Pointe de l’expérimentation électronique. Et pour finir Hudson Mohawke, producteur electro-hiphop (très réducteur, mais vu qu’il n’est pas question ici de faire une chronique sur sa personne, on s’en contentera) d’une efficacité imparable, le genre à vous faire hocher la tête sur une basse furieuse et vous mettre la main en l’air sans même que vous en ayez conscience…

Trois artistes très différents, chacun excellant dans son domaine, réunis ici pour un projet commun. Il y avait de quoi tenir en haleine pendant plus d’une année avec un tel trio! Et puis les mois passant, Anohni commence à glisser quelques interviews, et à décrire quelque peu son projet. En un an, deux morceaux soigneusement choisis seront diffusés. Le premier, à l’été 2015, lors d’un concert, 4 Degrees, en réaction aux fameux 2° de réduction de la température terrestre sur laquelle se sont soit disant engagés les gouvernements du monde entier. Le seconde Drone Bomb Me, un peu plus tard, fin 2015, avec Naomi Campbell. Clip qui se termine sur le logo d’Apple. Plutôt étrange à priori lorsqu’on sait à quel point le disque se veut engagé… C’est justement sur cet engagement que va insister Anohni sur toute la promotion de son album. Différents thèmes y seront abordés, la politique, le féminisme, la planète, un peu tous les sujets polémique qui alimentent les repas du dimanche soir en famille. Ambitieux projet donc, de la part de celle qui jusqu’ici se battait principalement pour les droits de la femme.

Plusieurs écoutes, et un peu de temps de recul, auront été nécessaires à l’écriture de cette chronique. Plusieurs choses ressortent de l’album. Musicalement, on pouvait s’y attendre il est extrêmement bien produit. Tout se tient, de bout en bout. Anohni, reste fidèle à ses précédentes productions tout en proposant une évolution dans sa voix. Elle pousse sa voix beaucoup plus dans les graves sur certains morceaux comme Obama. Et chose qui ne m’avait jusque là pas interpelé, on entend un léger pincement de nez dans le timbre sa voix. Pourtant, on peut éprouver une certaine lassitude quant à la construction même des morceaux et la façon qu’elle a de faire évoluer sa voix sur beaucoup d’entre eux. Le morceau commence calmement, très posée, sereine, et au et à mesure, le ton devient de plus en plus larmoyant, poussé à son apogée en fin de morceau. Cette construction est assez redondante sur l’album. La musique qui l’accompagne suit globalement cette même construction. Ce qui m’amène maintenant à parler de Hud’Mo, et ONP. Pour bien saisir le sens de mes propos, je vais rapidement évoquer mon ressenti sur le dernier album de chacun de ces deux protagonistes incontournables de la musique électronique contemporaine.

Je l’évoquais plus haut, le dernier album de OPN suit totalement ses précédents opus et nous livre un disque d’une richesse incroyable. La torture des sons est poussée à l’extrême sans jamais donner de répit à l’auditeur. Dense, fourni, intense. Je serai beaucoup plus mitigé avec le dernier de Hud’Mo, Lantern. Et même s’il dit lui même qu’avec ce disque il retourne vers ses premiers amours. Notamment le R’n’B. Il semble se caricaturer tout au long de l’album de peur qu’on ne le reconnaisse pas. Et c’est exactement l’effet que Hoplessness me produit. D’un côté les morceaux produits par Hud’Mo, qui, musicalement, tombe dans une sorte de caricature, et de l’autre, ceux produits par OPN, qui débordent d’ingéniosité. Quelques morceaux sont produits de concert (4 Degrees et Crisis). Mais autrement, les morceaux sont réellement bien différenciés entre les productions avec l’un ou l’autre des artistes. On peut regretter ce choix d’Anohni d’avoir autant séparé les différentes productions. Il en reste que l’album s’écoute avec beaucoup de plaisir. Même si, ne prenant en compte que la musique et la voix, les morceaux les plus intéressants sont définitivement Obama et Violent Men. Produits uniquement par Anohni et OPN. Musicalement des ovnis. Et ces morceaux sont les seuls où Anohni propose un traitement de sa voix réellement différent, et pour le coup très réussi. Obama est une sorte d’incantation vaudou. A l’écoute, on n’a sincèrement pas envie de s’appeler Barack… Inutile de préciser que le morceau est un scud (missile balistique à courte portée) balancé sur Obama (et son gouvernement) et les déceptions ou plutôt les désillusions qu’il a engendrées.

Remarquez la parfaite transition, puisque je vais maintenant évoquer les textes, et au fond, l’engagement que Anohni nous propose ici. J’avais vraiment hâte de savoir ce qu’il allait en ressortir. Et après plusieurs écoutes, j’en arrive à cette question. Comment, en brassant autant de sujets sur un seul et même disque, ne pas tomber dans la caricature, la naïveté ? Les textes sont très bien écrits, Anohni n’en est pas à son coup d’essai. Cinq albums avec Antony & The Jonhsons auront suffi à nous convaincre de la qualité de sa plume. Cependant, faut-il être à ce point littéral pour dénoncer quelque chose ? A-t-on même besoin de paroles finalement ? Jeff Mils, pour ne citer que lui, n’a eu de cesse de produire des morceaux on ne peut plus engagés sans jamais mettre une parole dans ses morceaux. Les styles sont différents et Anohni ressentait le besoin de s’exprimer. De faire entendre sa voix. On peut comprendre également le contexte. En plein période électorale américaine. Avec une élection qui risque de tourner à une baston hylarante sans qu’ils n’arrivent plus à trumper personne…

Mais tout de même. La musique ne change pas le monde. Elle ouvre des perspectives. Doit-on y mettre des sous-titres ? Cela reste une question complètement ouverte sur laquelle je n’ai toujours pas su trancher. Je reconnais qu’il faut du courage pour sortir un album aussi clairement engagé. C’est peut-être l’album le plus engagé depuis les années 2000.

Il en résulte un album sombre, courageux et ambitieux. Un album ou chacun pourra se faire son propre avis sur la façon dont un artiste peut, ou même doit, s’engager. Un album ou Anohni nous surprend, et nous invite à ne plus rester simple spectateur. Un album et son artiste que l’on a hâte d’écouter en Live à la Philharmonie de Paris début juillet 2016. On a tout de même beaucoup d’espoirs pour Hopelessness



Chroniqué par DuponD
le 23/05/2016

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