Dori Sadovnik et Niv Arzi sont deux DJ israéliens un peu fous. Fou, il faut forcément l’être pour invoquer à la fois chaleur tropicale, synthés kraftwerkiens, disco italienne et boites à rythmes post-punk sur un seul et même disque : Ballad of the Ice. La glace va fondre rapidement sur ce premier album signé chez le label de musiques électroniques I’m a cliché (Bot’ox).
Red Axes emprunte certes principalement à deux genres réputés pour leur froideur : le post-punk d’un côté - dont l’un des nombreux sobriquets est la cold wave - et ses rythmiques implacables. De l’autre, l’électronique, monde où les machines ont le contrôle et ou règnent beats sans cœur et programmations robotiques. Loin des étiquettes et des barrières de genre, Red Axes utilise les aspects les plus chaleureux de ces deux musiques pour donner naissance à un mélange chaloupant et vibrant.
Entre accessibilité du dancefloor et exigence du son, les compositions de Ballad of the Ice font hocher la tête et taper du pied de manière inattendue. New Order, Bauhaus (dont le célèbre Bela Lugosi’s dead est ici repris), The Cure ou The Normal (Warm leatherette revient à l’esprit sur Kick out of you) faisaient, déjà à l’époque, danser les foules. On a tendance à l’oublier aujourd’hui, mais le mouvement post-punk bien qu’originaire d’Angleterre, a fait des petits par centaines dans le monde entier.
Les deux DJs font danser avec à peu près tout sauf de l’électro: synthés new wave eighties sur Head like glass, riffs de guitares rockabilly sous acides sur The Watkins ou bossa nostalgique sur la ritournelle Papa Sooma. L’électronique vient à la marge, et sous des airs New Orderien, rehausser toutes ces compositions de beats surannés. Si le début de l’album est à la fête (tendance batcave), les derniers morceaux aux allures de bande-son de film obscur viennent jeter un voile plus inquiétant: Neon et ses nappes de claviers angoissantes et le final étouffant de Dreams like a tale viennent ajouter une corde à l’arc des deux musiciens.
Tout en restant fidèle à une esthétique très année post-punk et électro eighties, Red Axes multiplie les ambiances de morceau en morceau et livre un premier disque original, entre chaleur des dancefloors et fantômes mancuniens.
Chroniqué par
Noémie
le 29/05/2014