L’idée n’est pas originale, mais donne souvent lieu à une certain excitation. Celle d’associer deux univers, deux artistes qui,outre une complicité musicale, entretiennent une véritable amitié.
Tel est le cas de
Julianna Barwick et
Helado Negro, pensionnaires du très respectable label
Asthmatic Kitty qui officient dès à présent sous le patronyme d’
Ombre. De quoi placer ce projet sous les meilleurs auspices, puisqu’il nous évoque le nom du personnage principal d’
American Gods, le cultissime livre signé
Neil Gaiman. D’ailleurs ce rapprochement entre ce livre et le projet n’est pas en reste tant ce dernier est marqué par cet art de dresser des tableaux teintés de clairs-obscurs. Mais il faudra s’en arrêter là dans la comparaison triviale. Pas de références à l’univers de Monthy Python du côté de nos hôtes. Non, le premier degré est de règle. Surtout quand il s’agit de nous rabibocher avec l’épure et le merveilleux.
Ombre c’est avant tout un univers vaporeux. Une musique ambient et légère, un répertoire construit sous forme de tableaux séquences. Un sens de la poésie, un disque fait pour l’été indien, pour ces journées ensoleillées de septembre, où la chaleur procurée par les rayons du soleil, dissimule avec difficulté la fraîcheur du fond de l’air. La lumière est plus rasante, fin de l’été oblige. De quoi accentuer les contrastes, de quoi aveugler l’auditeur aussi. Un disque léger et mélancolique à l’image du titre
Weight Those Words dont les tremoli aux accents hispanisant évoquent parfois la voix d’un
Devendra Banhart.
Leur registre demeure inclassable entre
ambient, folk, bossa nova et electronica. On pense au passage à l’excellente collaboration entre
Domotic et
My Jazzy Child, qui avait permis d’accoucher de ce très beau
Chansons d'été. Dans un registre similaire,
Ombre fait coexister harpe, trompettes, guitare, clarinette, et textures électroniques dans un univers plus caverneux. On se perd avec plaisir dans les limbes de ce labyrinthe construit au fur et à mesure par des boucles et des trames dessinées avec de la réverbération. Une poésie sonore des plus merveilleuses, disponible de surcroît uniquement en vinyle.