Que dire sur
The Patriotic Sunday ? Que les premiers albums, certes sympathiques ne transportaient pas l’auditeur dans des destinations trop lointaines. D’ailleurs, on pouvait d’avantage parler de ballades ombragées que de folles embardées. Mais quand on est responsable d’un groupe tel que
Papier Tigre, il est compréhensible pour Eric Pasquereau de vouloir sortir des chemins chaotiques pour arpenter des sentiers plus tranquilles.
Alors que dire de cette nouvelle production ? Que l’annonce de la présence de
La Terre Tremble !!! en coulisse en guise de
side men de luxe a déjà suscité un vif intérêt et que le résultat au fur et à mesure des écoutes sonnent le glas de tout ce qui pouvait rester d’à prioris négatifs. Au contraire,
Actual Fiction est, sans conteste le meilleur album de
The Patriotic Sunday, c’est sûr, mais bien plus encore. Le projet a nul doute pris de l’épaisseur pour enfin se démarquer de la simple qualification de projet solo du chanteur de
Papier Tigre.
Dire que le trio basé à Rennes qui nous avait renversé avec son
Travail n’y est pour rien, serait ridicule, car la patte du groupe se ressent à chaque instant. Toutefois, là où il faut une réelle intelligence, c’est celle d’Eric Pasquereau d’avoir imaginé d’associer son folk pop des plus classiques à la musique espiègle et inventive de ses colocataires du Collectif Effervescence. Bien plus qu’un écrin mettant en valeur les qualités du
The Patriotic Sunday, les propositions inventives de ses acolytes semblent avoir invité ce dernier à visiter de nouvelles contrées. Celle d’un rock 70s évoquant le spectre d’un
David Bowie à certains moments (
Grey Hair, Belgrade, Coathanger in the Party Room), dans le cadre d’une musique intelligente qui stimule nos ménages avec jubilations (
Wet blanket, The Fire pour n’en citer que quelques uns). A nouveau on est marqué par l’écoute et l’interaction qui ressortent sans cesse de ce jeu de questions réponses. Et à ce jeu-là ce super groupe nous emmène assez loin.
Actual Fiction propose plusieurs facettes. A ce titre, on est fasciné par cet art de maintenir un état de tension constante, au point d’en ressentir la gravité (
Belgrade) et le drame qui peut se nouer à chaque instant. L’album alterne parties aux allures pyrotechniques (
A Set Of Seemingly Disconnected Words, Pigeonholed) et moments de recueillements dans le cadre de ballades, qui si elles rappellent les précédents œuvres de son auteurs, offrent de part leur placement dans cette succession de titres, des beaux moments de grâce et de recueillement (
Self Employment, Quiet & Slow, Everyman’s voice, I'll Talk If You Know What To Say). Là aussi tout est encore une question d’écrin et de dosages. Et à ce jeu
The Patriotic Sunday, maîtrise parfaitement son propos.
Œuvre d’un super groupe ou brillante association de mercenaires au service d’un seul chef,
Actual Fiction place enfin
The Patriotic Sunday à la hauteur des ambitions affichées par son créateur. Et à ce jeu-là, le groupe met la barre assez haute.