7Fingers est l’œuvre des allemands
Nils Frahm (pianiste/électronicien) et
Anne Müller (violoncelliste/concertiste). Deux habitués de la scène modern classical.
Frahm a déjà produit en solo deux albums remarqués (
The Bell et
Wintermusic), et a collaboré notamment avec le petit géni
Peter Broderick.
Anne Müller de son côté fait partie du Wolf-Ferrari-Ensemble, un orchestre de cordes basé à Berlin depuis une dizaine d’années. Elle a notamment apporté ses talents de violoncelliste au musicien
Philip Boa ou à des groupes comme
Klez E. (avis aux connaisseurs).
7Fingers évoque souvent les albums du duo
Alva Noto et
Ryuichi Sakamoto, notamment
Insen. Ou encore la musique de
Fernando Corona (
Murcof), chez qui déjà les thèmes mélancoliques d’un orchestre de chambre passaient au perforateur électronique pour un résultat des plus sensoriels.
7Fingers est à inscrire d’emblée dans cette lignée de la musique classique moderne où, couplés à des micro-rythmes souterrains, les « glitchs », comme un virus électronique, s’attaquent à la surface sonore, la déconstruisent et la recomposent jusqu’à l’abstraction. Quand ce ne sont pas les nappes de cordes qui sont traitées à grand coup de boucles et d’échos ectoplasmiques.
7Fingers, décidément, a aussi à faire avec le lourd héritage du compositeur
Max Richter. Par exemple quand les thèmes souvent nostalgiques et au combien cinématographiques de l’allemand viennent contaminer le jeu d’
Anne Müller et poussent de son côté
Frahm, derrière son laptop, au sampling de bande-sonores de films (
Because This Must Be / Augmentation) ou de cris d’enfants dans une cours de récréation.
C'est que les deux musiciens ont malheureusement vite fait de se retrouver enfermés dans un cadre un peu étouffant, coincés qu’ils sont entre les figures tutélaires du genre. Il en ressort parfois des thèmes un peu académiques ou des lieux communs comme les fameux cris d'enfants sur
Reminds to Teeth. Cela dit très loin d'être la plus mauvaise composition de l'album.
Au fond, les deux compagnons trouvent leur réelle planche de salut dans la construction de phases de tension électriques. Quand enfin un vrai dialogue s’instaure entre l’électronique et le piano de
Frahm et les cordes de
Müller. De ce jeu ludique où chacun se mesure à l’autre, lui opposant ses formules les mieux senties, naissent de très loin les meilleurs motifs de
7Fingers. Citons l’excellent
Let My Key Be C, aux loops lancinantes, le très "murcofien"
Journey For A Traveller, et dans une moindre mesure peut-être le titre éponyme
7Fingers qui pousse jusqu’à la saturation.
L’album de se clore enfin sur
Long Enough, une pièce chantée aux accents pop inoffensifs. Certes très agréable mais un peu trop facile en comparaison du reste. En conclusion, malgré ses quelques faiblesses,
7Fingers offre son lot d’arrangements classieux et d’instants particulièrement dramatiques. De quoi satisfaire amplement les amateurs du genre.
Frahm et Müller transforment donc l'essai...