Fin 2006 : Jamie Teasdale et Roly Porter entament ce qui doit être la suite de
Degenerate. La migration de Jamie à Berlin peu de temps après avorte le projet. Ils se lancent chacun dans une carrière solo, mais
Vex'D n'est pas mort pour autant ; les deux complices veulent continuer de composer ensemble. Évidemment, la distance joue contre eux, et l'album finit par être oublié. C'est
Mike Paradinas qui, en 2009, ressuscite leur collaboration ; il leur commande un second opus, peu lui importe qu'il soit fini ou non. Jamie et Roly ont depuis pris des chemins différents, et se remettre dans la peau des compositeurs qu'ils furent trois ans plus tôt n'aurait eu aucun intérêt. Ils rassemblent donc les premiers morceaux, réunissent ceux composés depuis, en esquissent d'autres... C'est la raison pour laquelle
Cloud Seed paraît décousu, tout le contraire de
Degenerate. L'esprit reste dans la lignée du premier opus : ambiances industrielles, sombres, déchirements synthétiques. Mais les compos adoptent des formes plus variées. Tant mieux, car si
Degenerate comportait des titres incroyables, il avait tendance à se répéter sur la longueur.
Cloud Seed ressemble donc plus à une collection de singles qu'à un ouvrage pensé dans son ensemble. Du flow posé de
Jest au chant d'
Anneka, les invités investissent tous à leur manière les titres du duo ; aucun ne déteint sur les morceaux. Le dubstep de
Degenerate, aux cadences prononcées, avait tendance presser le pas. C'est tout le contraire de
Cloud Seed. Les rythmiques se trainent, lancinantes, quand elles ne disparaissent pas complètement. Certains titres apparaissent d'emblée comme incontournables : l'hypnotique
Out of the Hills, ou le corrosif
Killing Floor. L'atout d'une œuvre dont la composition a ainsi été étalée dans le temps : chaque morceau, presque, est bâti sur une idée différente.
Vex'D s'essaie au modern classical (
Remains of the Day), au drone (
Slug Trawl Depths), au dark ambient (
Suite For Piano & Electronics), voire même au cybergrind (
Nails).
Cloud Seed est sans doute le point final du travail en commun des deux producteurs, sorte de postface à destination de ceux qui attendaient la suite de
Degenerate. Un cadeau appréciable, mais qui ne dispense pas ceux qui découvre leur musique aujourd'hui de se pencher sur leur premier album, un incontournable du genre.
Chroniqué par
Tehanor
le 17/04/2010