Les rétrospectives ne m'enthousiasment guère. On a tous eu l'expérience de ces best-of bricolés à partir des tubes d'un artiste à la renommée établie. Les pistes s'y côtoient sans aucune logique, sautant allègrement d'une bonne production à un son digne d'un lecteur K7 Mickey. Pis, il manque toujours ces quelques perles qui n'ont jamais été sous les feux de la rampe. Certains rétorqueront que ça reste un bon moyen d'avoir une vue d'ensemble. Peut être, mais je ne suis pas adepte de la restauration rapide.
Aussi, quand
Temporary Residence propose une rétrospective d'
Eluvium, je veux bien m'autoriser une entorse à la règle. D'abord parce que les albums d'
Eluvium ne courent pas les rues, mais aussi parce qu'aucun de ses titres n'a été oublié.
Temporary Residence propose ni plus ni moins que l'ensemble des albums ou EPs pondus par notre homme. Un seul package de sept galettes à l'artwork particulièrement soigné.
"Nous avons travaillé dessus pendant près de deux ans" concède le label. Les collectionneurs apprécieront.
Lambent Material ouvre le bal. Ce premier opus préfigure déjà tout le travail d'
Eluvium à venir, car s'y côtoient l'ambient atmosphérique de
The Unfinished, le post-rock berceur de
Under The Water It Glowed, et la pièce pour piano
There Wasn't Anything. C'est sur cette dernière facette que se concentre ensuite
An Accidental Memory In The Case Of Death.
Eluvium y propose sept compositions qui raviront sans aucun doute les amateurs d'
Erik Satie.
Talk Amongst The Trees explore quant à lui un tout autre registre. De
New Animals From The Air à
Swallows In The Bath, l'artiste, tel un tisseur de rêve à la recherche d'une paix intérieure, révèle une série de songes à la quiétude balsamique. Quelques guitares s'invitent de temps à autres, apportant aux longues plages ce petit penchant pour le post-rock que j'évoquais plus tôt.
Suivent ensuite deux EPs :
When I Live By The Garden And The Sea et
Undecipherable Text. Le premier initie le mélange de piano et d'ambient, jusque là séparés. Le deuxième s'essaie à quelques expérimentations acoustiques. C'est à
Copia que revient enfin la tâche de conclure cette belle discographie. Ce dernier album ne se contente pas de synthétiser le travail de manière plus aboutie, il annonce aussi un tournant vers l'orchestration electro-acoustique.
L'œuvre d'
Eluvium ne se survole pas à la va-vite. Elle demande de son auditeur qu'il prenne le temps de se plonger dedans.
Temporary Residence offre une occasion inespérée de le faire.
Chroniqué par
Tehanor
le 05/03/2009