En 2007, The Cinematic Orchestra nous avait régalé avec la sortie de l’hypnotique Ma Fleur. Une pépite musicale mise sur orbite par la révélation du chanteur Patrick Watson. Sans nul doute l’un des tout meilleurs albums cette année-là. Le meilleur si cela ne tenait qu’à moi.
Mais d’album ici on ne peut parler, le quintet gallois, résidant depuis toujours chez Ninja Tune, ayant répondu à une demande venue tout droit des studios Disney. The Cinematic Orchestra, au milieu d’une tournée et après l’enregistrement d’un live au Royal Albert Hall, s’est attelé à la composition de la bande originale des Ailes Pourpres (Crimson Wings), documentaire de Matthew Aeberhard et Leander Ward évoquant magnifiquement la vie des flamants roses. Qui de plus compétent que le Cinematic pour mettre en musique les envols de ces fabuleux oiseaux ? A en juger par le résultat… Personne.
The Cinematic Orchestra n’en est pas à son premier essai cinématographique. En 2003 déjà, le groupe avait signé la bande-son de Man with a movie camera, mais bien après la sortie du film, qui date de 1929. Un travail différent l’attendait. Délaissant un temps ses origines électronique et jazz, le quintet s’est ici tourné vers une musique classique très aérienne, menée du début à la fin par un orchestre de cordes. Le charme de cette bande originale réside probablement dans cette musique orchestrale mêlée aux magiques notes de piano et aux discrets, mais indispensables, arpèges de guitare.
Mélancolique sur l’Opening title, enjouée sur The Dance, transcendante sur Exodus, la bande originale des Ailes Pourpres délaisse l’auditeur de tout repère, mais sans jamais le perdre de vue. Une visite improvisée, comme une découverte de ces lacs inconnus de Tanzanie où a été tourné le documentaire. Libre à chacun de faire son propre voyage, accompagné ou non des images du film.
Le Cinematic ne renie pas non plus son passé, à l’image de Marabou, où Tom Chant ressort la clarinette de son étui, ou sur Soda, qui rappelle l’atmosphère de Ma Fleur. En clôture de l’album, on retrouve avec plaisir Lou Rhodes, chanteuse de Lamb déjà invitée sur Ma Fleur. La sensualité de la voix féminine s’accorde parfaitement avec l’extatisme des violons et violoncelles. En un mot : sublime.
Petit joyau de musique classique, la bande originale des Ailes Pourpres est à apprécier au calme, les yeux fermés, loin de toute source de turbulence. L’espace de 45 minutes, le Cinematic Orchestra ouvre une faille dans le temps que seule une complète évasion de l’esprit pourra combler. Préparez vous à rêver. Bonne nuit.
Chroniqué par
Camille
le 29/01/2009