Formé en 1981 par
Martin Archer (saxophones, violon, claviers) et
Paul Shaft (contrebasse, voix), le groupe
Bass Tone Trap change d’allure à l’arrivée du saxophoniste
Derek Saw. Venu du jazz, celui-ci met ses influences au service d’un groupe faisant déjà avec les siennes propres, nombreuses et éclatées. Le résultat : la musique d’une fanfare punk, allant voir, sans se poser de questions, du côté du Krautrock, de la No Wave et du Free Jazz.
Sorti en 1983,
Trapping donne à entendre un tel mélange, déjanté et plaidant le long de 13 morceaux en faveur de son émancipation immédiate. Peut importe qu’il s’agisse de le faire au son de progressions expérimentales atmosphériques (
Magnetic North) ou bruitistes (
Magnetic South), de pop funk délurée (
Sanctified), ou de free changeant – virant au swing sur le motif répété des guitares de
Safe in The Inner Core, ou plus radical sur
Rare & Racy et
Afraid of Paper.
Selon l’humeur, les 6 musiciens fantasment les rencontres : celle de
Soft Machine et du
World Saxophone Quartet (pour l’unisson des instruments à vent auquel il a souvent recours), ou celle de
Can et d’
Alterations. Le plus souvent convaincantes, ces collisions ne laissent rien en place longtemps et font un puzzle cataclysmique de quelques influences ramassées.
La musique en réaction, confiant à qui veut l’entendre que le domaine n’a rien à faire des leçons. Qui évolua avec
Bass Tone Trap 4 années durant au gré d’une énergie impertinente, pour viser aujourd’hui le statut de document démesuré, attestant de l’existence d’un Lower East Side transposé jadis en Angleterre. Forcément moins sourcilleux.
Chroniqué par
Grisli
le 25/04/2006