Tomas Korber nous revient avec un album enregistré en compagnie de
Dan Warburton :
Conspiracy Theory. Un travail plus noisy que ses productions habituelles, selon ses dires, et différent de l’approche qu’on lui connaît. Et en effet,
Conspiracy Theory est plus informel, plus bruyant, il échappe à la rigueur sérielle dans laquelle
Tomas Korber aime à enserrer ses compositions. Le temps est ici à la transformation des fichiers sonores («
Soundfiles and transformations by TK et DW », lit-on en guise de notes de pochette).
On retrouve cependant un esprit commun avec les productions passées : de la guitare et des instruments acoustiques,
Korber et
Warburton extraient granulations et pulmonations diverses, les font glisser les unes sur les autres, les croisent, les hybrident, les entrechoquent ; toute une gamme de relations intersonores diverses se décline et de se dévide au fil de des deux volets de
Conspiracy Theory.
Composé selon un mode à la fois répétitif et linéaire (la composition est un flux, mais des respirations tournent en boucle à l’intérieur),
Conspiracy Theory recherche l’amplitude qui le définira à l’intérieur de ses cycles, davantage que sa propre harmonie : n’hésitant pas à mettre à mal son alchimie, il passe par de violentes phases bruitistes et ponctuelles qui en déchirent la trame et en redéfinissent les règles.
Œuvre informelle mais formaliste et néanmoins séduisante,
Conspiracy Theory gagne à la réécoute : composition dépassionnée, désaffectée en quelque sorte, elle demande surtout à l’auditeur d’entrer à l’intérieur de ses subtilités et d’accueillir ses évolutions comme ses méditations, qui s’avèrent convaincantes et forment une station supplémentaire dans le parcours de deux musiciens d’envergure.
Chroniqué par
Mathias
le 06/04/2006
