Disque enregistré en live,
The Distance Runner est le premier véritable recueil de morceaux solos en concert de la longue (40 ans) et pléthorique carrière de
David Liebman. Au saxophone et à la flûte, dans un dénuement total, comme s’il ne s’armait que du strict nécessaire pour parcourir les longues distances à venir.
Le morceau-titre,
The Loneliness of a Long Distance Runner – Mind and Body, nous introduit à l’ascèse spirituelle qui préside à ces sept enregistrements : apaisement, maîtrise du souffle, chaque geste, chaque mouvement harmonique exactement mesuré, selon une précision avec laquelle il n’est pas possible de tricher, la solitude scénique en étant le gage le plus sûr.
De quoi jongler avec une simplicité avoisinant l’abstraction (
Colors : Red, Gray, Yellow,
Time Immemorial : Before, Then, Now, After), la reprise free de classiques peu (
Peace on Earth) ou beaucoup (
Petite Fleur) revisités, et surtout une énergie qui perce de manière impromptue et appelée à la fois, comme si les gestes les plus free, les sprints du coureur, trouvaient naturellement leur place après de longues incantations méditatives, des arabesques d’une sècheresse belle (
The Tree : Roots, Limbs, Branches, retour aux sources, à la végétation, aux racines). Les sept solos au long cour de David Liebman ménagent le souffle du saxophoniste, font apparaître l’effort à la fois physique et spirituel à l’origine des titres : et peut-être leur valeur est-elle moins due à leur beauté intrinsèque qu’à cet effort dont ils sont la trace, qu’ils manifestent d’un bout à l’autre, cet ascétisme, cette solitude du compositeur mis à nu, lancé dans sa quête.
Chroniqué par
Mathias
le 20/02/2006
