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The Residents

: The Mole Trilogy



sortie : 2005
label : Mute Records
style : Rock Expérimental / Opéra-Rock

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Tracklist :
Digipack 01 :

Mark of the Mole

1. Voices Of The Air
2. The Ultimate Disaster
3. Migration
4. Another Land
5. The New Machine
6. Final Confrontation


Intermission

1. Lighs Out (Prelude
2. Shorty'S Lament
3. The Moles Are C

Que la musique puisse être le véhicule d’idéologies diverses en même temps que l’outil de déconstruction critique de celles-ci, c’est chose finalement assez rare dans le domaine de la musique populaire. Jusqu’à ce que The Residents viennent bousculer la donne et lancer quelques pétards-panique dans le paysage et décloisonner les approches, c’était la musique savante, plus à même de manipuler concepts et discours, qui se chargeait de telles entreprises. Après les albums séminaux The Third Reich’n’Roll et The Commercial Album, The Residents rempilaient donc, entre 1981 et 1985, avec The Mole Trilogy aujourd’hui rééditée de manière luxueuse (en deux digipack de deux disques), opéra-rock grandiose, geste épique farfelue et politique en diable à la fois, musique nouvelle entre le documentaire imaginaire et le conte musical, accompagnée d’une narration opératique qui suit l’affrontement idéologique et social et l’antagonisme séculaire du peuple Mohelmot, race laborieuse et souterraine et des Chubs, superficiels à tous les sens du terme, nantis qui jouissent de l’existence à la surface de la terre.

Fausse trilogie, vrai quadriptyque bancal, The Mole Trilogy a pour premier volet Mark of the Mole, récit de l’exil du peuple Mohelmot après qu’il a essuyé un tempête dévastatrice alors qu’il adressait une prière au dieu des ténèbres afin de pouvoir poursuivre leur travail.

Le second volet, l’épicentre The Tunes of Two Cities, s’attache à narrer la rencontre des Moles et des Chubs inquiétés par l’afflux des exilés ; bientôt rassurés pourtant lorsqu’ils découvrent que les Moles sont une race facilement exploitable, docile au travail et au servage.

Quant au dernier volet, il prend place après une important révolution industrielle qui voit naître une race hybride entre les Moles et les Chubs, le Croisement. C’est une ère de troubles où les Moles n’ont plus le droit de parler leur langue d’origine. The Big Bubble est un artefact musical de cette ère, où l’auditeur suit les pérégrinations d’un groupe pop, The Big Bubble, qui écrit ses chansons dans ce langage interdit. Autant dire qu’un vent de révolte souffle sur les Chubs.

Intermission reprend quant à lui des morceaux utilisés à titre d’introduction, d’épilogue et d’interlude pour les concerts des Residents à l’époque des Moles Shows.

Croisement musicaux radicalement inouïs à l’époque, The Mole Trilogy se veut clairement une œuvre totale, portée aussi bien sur scène que dans les musées (certains documents visuels sont exposés au Museum of Modern Art de New York), musique protéiforme qui se veut opératique autant qu’industrielle, jazz et rock à la fois, tenant du Musical comme de l’improvisation déchaînée, de la musique documentaire comme d’une approche savante et complexe de la composition. Œuvre totale également si l’on considère le dialogisme permanent qu’elle met en jeu, exposé d’idéologies fictives sous formes de documents bientôt contrecarrés par des Songs à tendance subversive, à la manière des opéras Kurt Weill et Bertolt Brecht, chansons aux formats d’abord classiques mais bientôt disloquées par des cris gutturaux (Serenade for Missy), des riffs de guitare obsédants et des sonorités industrielles agressives. Musique qui puise ses racines dans le proto-punk et dans le free-jazz à la fois, dans la musique industrielle et le kraut-rock, dans la comédie musicale américaine des années 40 comme dans la pop des années 60, et qui prolonge ses branchages jusque dans le hip hop (une manière commune de produire des boucles et des rythmes syncopés) et le rock expérimental actuel, The Mole Trilogy est probablement l’une des rares tentatives de fonder une musique réellement épique, au souffle dramatique puissant, en prise critique directe avec le monde qui l’entoure.

Comme il paraît clair, en plus de cela, que cette trilogie a influencé la production musicale des années 1980 jusqu’à aujourd’hui, il faut prendre le temps de se retourner sur cette œuvre sans équivalent.


Chroniqué par Mathias
le 23/01/2006

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