D’une collaboration à la Cité de la Villette, faire un disque. Les sciences, pour l’option prise par
Yves Dormoy et
Rodolphe Burger sur une musique des sphères ; l’industrie, pour la mise sous presse d’un enregistrement mené par les mêmes pour le compte du label Dernière bande.
Sur un
Planetarium qu’il a pour beaucoup composé,
Dormoy pose saxophone et clarinette, programme, donne à entendre des souvenirs enregistrés de hall d’aéroports, de voix dont lui seul connaît le visage. Envoûté par un Japon rouge de néon, il succombe parfois à l’exotisme moderne touchant l’homme écrasé par les tours de verre. Au pays de la technologie, il se rend aussi compte que ses appareils commencent à dater (
Chut…), et l’atmosphère de devenir impossible de lourdeur naïve (
Story Tellers,
Song for Aichi).
Pour calmer un peu les esprits, s’en remettre aux prises de anches. Compositeur impeccable,
Dormoy sert ses mélodies avec délicatesse (
Ne change rien), conduit un blues déconstruit (
Stars Way), ou laisse, timide, la parole à quelques brouillons de guitare. Pour son infortune, d’ailleurs, lorsque l’ensemble cherche à prendre de la hauteur, alors que les musiciens n’y voient clair qu’en bas.
En bas, les méandres obscurs où
Burger et
Dormoy trouvent leur salut : dans la déclinaison intelligente d’un thème (
Alan Turing), dans l’entier don de soi au presque rien (
Radio Altimeter), dans l’habileté à trouver des soutiens de choix (
Antoine Berjeaut sur
Preflight Contact,
Benoît Delbecq sur
Ne change rien). Enfouis, ils démontrent leur maîtrise de la situation, et donnent l’exemple qu’on peut ne pas accomplir tout à fait ses rêves, et très bien gérer son rapport au réel.
Chroniqué par
Grisli
le 20/06/2005