Après s’être laissé une première fois aller aux rythmes des aventures d’Ulysse (
Odyssey, 2002), le trio emmené par le contrebassiste
Barry Guy poursuit la traversée. Avec en tête l’achèvement du voyage, il traduit en musique le mystère du retour à Ithaque, déjà réfléchi par le prisme d’une œuvre de George Vaughan (voir pochette).
En confrontant sa musique à la peinture et à l’architecture moderne, il semblerait que
Guy optimise l’inspiration délicate. Seul, il se montre capable de commander des assauts à l’archet (
First Shard), de trahir des tourmentes au son d’hammers emportés (
Second Shard), ou de se concentrer assez pour entendre des voix (
Third Shard).
En trio, on élève des temples à la subtilité. De chaos organique instauré (
Zinc) en improvisations sereines et élégantes (
Broken Silence,
Unfolding), il cherche et trouve les nuances de décisions abruptes (
Zig Zag). Grave et emporté, le piano élit domicile à chacun des étages visités par
Marilyn Crispell.
Evoquant aussi bien, et sur un même morceau,
Irene Schweizer que
Gonzalo Rubalcaba (
Fire And Ice),
Crispell épate par la qualité de ses choix. Paraphrasant ingénument les parties d’archet de
Guy, la voici portée au pinacle par la précision tout en retenues du batteur
Paul Lytton (
Ithaca).
Lied méditatif du compositeur
Buxtehude (1637-1707),
Klaglied conclut sereinement l’enregistrement. Interprétation aux harmoniques minutieuses et aux canons partiels, qui assure trois musiciens en bout de course du repos à venir. Dense, et que ne viendra troubler le moindre doute quant à la qualité des souvenirs.
Chroniqué par
Grisli
le 02/05/2005