Récemment inscrit à la newsletter Jazz Fudge (le label de
Dj Vadim), voilà l'un des tous premiers bulletins d'information que je reçois :
Charge up your Ipods (or what ever means you have) kids and get 5 free fresh tracks from leftfield hip hop pioneers; REPTILES plus your own choice of artwork...
Be quick though it won't be up there forever!!!
Reptiles
www.liquidplaythings.com
New-wave hip hop pioneers. - John Kennedy (XFM)
Je me dépêche donc d'aller à l'url proposée, je télécharge l'EP 5 titres, tout en me rappelant que la dernière fois que j'avais entendu parler de "new-wave hip-hop", c'étaient les mots de David Blot à propos de
So addictive de
Missy Elliot, sans doute à cause des synthés qui y caractérisent la production de Timbaland.
Sauf que les
Reptiles appliquent l'étiquette à un hip-hop plus rude et radical ! D'entrée,
Creat'Or met en place une atmosphère sombre, entre claviers graves et hypnotiques, bidouillages électros traversant régulièrement l'instrumental, voix sous perfusion d'effets aux refrains. Une accroche convaincante...
Next !
Voilà venir
Liquid Playthings. Surprise... c'est de la même veine, clavier en boucle sur fond de nappes obscures, voix en apnée, on en profite pour hocher la tête en cadence et décortiquer le rap. Ou comment les prods de
Mobb Deep période
Hell On Earth plongeraient, sous substances psychotiques, dans une marmite irradiante de vibes Def Jux ! Un savant équilibre entre le beat carré, presque funky, et le climat paranoïaque que créent les couches superposées.
On poursuit avec
Lavender Mist, moins percutant, notamment du fait des nappes à contre-temps. Ce titre convainc donc un peu moins, les
Reptiles restant sur une alliance flow beat traditionnelle là où l'on aurait bien imaginé des manières anticonesques, des envolées cosmiques, auxquelles le sample se prête. La basse synthétique conforte d'ailleurs ce singulier décalage.
Le morceau suivant, intitulé
Who Are We What Are We, est, comme son nom l'indique, un exercice de présentation... Réalisé de manière acrobatique, sur un beat (kick-snare-charley déformés dans des textures métalliques) qu'on croirait samplé chez
Autechre. Ces derniers se revendiquant du hip-hop, la boucle est bouclée. Les choeurs synthétiques du background en rajoutent dans l'audace, etles rappeurs se tirent avec les honneurs de ce piège instable.
Récidive sur
God save, qui emprunte une basse drum'n bass sans les perturber outre-mesure, les phases lyricales lézardant avec adresse dans les espaces laissés par les saturations électronica du beat.
Conclusion : en cinq beats, voilà les
Reptiles nominés comme découverte du mois dans la catégorie "libre download hip-hop". La première partie du maxi est la plus séduisante, mais leurs initiatives expérimentales restent crédibles, et on est curieux de les voir affiner cette démarche dans ce registre. Les
dDamage nous certifiaient déjà que 2004 serait l'année du singe,
The Year of the Monkey s'ajoutent à leur
Radio ape pour nous convaincre qu'en matière de musiques underground sous le signe du macaque, la recherche se porte bien. Merci pour elle !
Chroniqué par
Guillaume
le 05/08/2004