Mi-ange mi-démon, utopie cauchemardesque,
Pram est à part, à la fois ringard et complètement expérimental, avant-gardiste et arriéré. Chaque album s’assimile à une aventure, à un conte animé, il s’intitule ici
Dark Island. Claviers haletants et trompettes mystiques s’étaient fixés rendez-vous, la voix expirante de
Rosie s’était joliement pomponnée, il ne manquait plus qu’une troupe de bizarreries sonores pour que le voyage débute.
Pram nous convie cette fois à leur séjour sur
l’île sombre, un lieu autant inquiétant qu’amusant, sensations enfantines mêlées à de curieuses visions sombres. Le mélange des styles et des instruments telles les flûtes orientales, ou encore les synthétiseurs puérils, contribue amplement au désordre chimérique présent dans les albums de
Pram. La voix linéaire, ni triste ni enjouée, de Rosie apporte la douce mélancolie nécessaire à l’entrée dans le monde équivoque de
Dark Island. Toute notion de temps, de matérialité, se dissipe au cours de l’album, laissant une certaine confusion des sens. Un jazz sous acides, un rock augural de bord de mer, un conte incongru où il n’y a ni début ni fin.
Pram réussit une fois de plus à troubler l’auditeur en le transportant à cent lieux de son univers concret. Généreusement dotée en images, la musique de
Dark Island s’écoute et se vit. Plus sombre et mélancolique que les précédents albums,
Pram a choisi de poursuivre un parcours plus sinueux, offrant de ce fait une aventure encore moins accessible que les précédentes. Un album qu’il faut découvrir en prenant son temps.
Chroniqué par
Peke
le 23/07/2004