Avec
queenadreena, le rock relève de l'expérience psychiatrique : entre fureur et souffrance, rage et fragilité,
Drink Me est l'exutoire des accès caractériels d'une Katie-Jane Garside sensiblement écorchée, dont les cris sur
Bed of Roses et l'enlevé
Under a Floorboard World illustrent ses humeurs dans des dissonances punk à l'energie expiatoire.
Mais la fascination éprouvée pour ce disque résulte directement de l'existence d'une autre facette chez l'artiste. En effet,
queenadreena excelle à développer les antagonismes qui l'agitent par des variations de registre vocal à couper le souffle. Egalement à l'aise pour une comptine folk (
My Silent Undoing), elle incarne avec un talent égal douceur (
For I Am The Way) et démence, et indifféremment dans la même chanson (
Hotel After Show).
Qu'elle hurle ou qu'elle susurre, tripes ou cœur, la même passion l'anime. Et toujours ce chant, naturel et obsessif, sur fond de guitares abrasives jusque dans des transes incantatoires notamment sur le le final de
Razorblade Sky, et sur
Siamese Almeida, pour lequel les superlatifs manquent...
On remarquera le travail de production de Morgan Nicholls et de Ken Thomas, qui ont su mettre en valeur cette association des extrêmes, une alchimie contrastée qui se décline du kick électronique de
Sleeping Pill aux saturations de
Desert Lullaby. Comparée à la fois à PJ Harvey (même esprit "femme proche de la crise de nerf" d'un certain radicalisme rock) et Björk (ressemblances dans les tons charmeurs, timbre agaçant en moins pour la Britannique),
queenadreena fascine par son ambiguïté, dans une esthétique du déséquilibre instable qui vacille vers la rupture et l’excès sur fond de riffs grunge et de batterie implacable.
Autoproclamée reine, Adreena prouve indéniablement par son charisme musical sur
Drink Me la majesté de son rang artistique.
Chroniqué par
Guillaume
le 27/04/2004