Obsessionnel et décalé. Voilà les premiers mots qui viennent à l'esprit lorsque
Le Sixième Doigt cesse de s'agiter sous la lentille innocente de notre chaîne hi-fi préférée. Un concept ? Pas vraiment. Une vision anarchique et anachronique du temps et du bruit ? Sensiblement plus. A la fois minimale et compacte, la musique de
Servovalve demeure en rupture permanente avec les idées reçues de nombreux auditeurs curieux. Ne cherchons pas l'absolue démonstration de domptage virtuel que nous assène nombre de ses congénères, mais attachons une importance déraisonnée à l'essentiel : une production impeccable, une approche ingénieuse du binôme son/image et une fraîcheur conceptuelle qui n'est pas sans nous rappeler que
M-Tronic déniche les talents, comme d'autres déniche les ennuis. "Trust in me" susurre
Wild Shores durant
T.I.M., alors faisons confiance à notre hôte... Particularité : un humour subtil qui rend parfois l'écoute du CD savoureuse, faisant presque oublier que attention, sérieux et electronica font bon ménage. Par moment, le son emprunte les chemins pavés de l'indus noisy, de l'ambient incorporel ou de l'expérimental libre et fier de l'être. Hypnotique, envoûtant, mais aussi dur, sans concession. L'originalité reigne et on se prend au jeu consistant à se demander vers quelle direction vont nous enmener les deux cerveaux du projet français le plus atypiquement correct.
Fréquences aigues ou graves et pesantes, métallurgie percussive, alchimie sans fondements et drones vocifèrants, jeu du clair-obscur torturé et machine fébrile, éructante et vindicative, le hasard n'existe pas. Il s'élabore. A l'image de l'étonnant travail effectué sur la plage CD-rom, offrant au fameux hasard le choix de 4096 possibilités de mix du justement nommé
Irregularities, ce qui n'est rien comparé au projet de CD infini sur lequel planche
Servovalve.
Cet album s'adresse à tout le monde. Vous êtes curieux, vous aimez ce qui sort du rang, vous avez récemment acheté un bâtiment vide ? Vous êtes convaincu que rien ne viendra vous défriser la moustache, et vous avez tort.
Ne ratez pas les affres de notre électro-duo, les outsiders confirmés ont toujours raison.
Chroniqué par
Yragael
le 25/03/2004