La sentez vous cette vague de froid arriver ? Celle des premiers jours frisquets d'automne certes, mais surtout celle du nouvel album de The Soft Moon qui arrive à point nommé pour nous rappeler à l'ordre dans un geste tout aussi radical que ses prédécesseurs avec toujours ce léger goût d'on va tous crever dans l'arrière-bouche. Car, n'en déplaise à celles et ceux qui souhaitent encore profiter des derniers brins de soleil estivaux, le one man band du californien Luis Vasquez en a décidé autrement. Ce dernier n'en finit plus d'apprivoiser ses propres démons et livre avec Exister une suite logique et synthétique à ses deux derniers joyaux noirs Deeper (2015) et Criminal (2018) qui l'avaient fait plus largement (re)connaître.
Pur agglomérat revival de musiques excessivement dark renvoyant autant à la cold wave étouffante du Pornography de The Cure qu'au rock indus claustrophobe des premiers Nine Inch Nails tout en flirtant avec les soubresauts de l'EBM (ou Electronic Body Music) représentée dans les 80's par des groupes comme Cabaret Voltaire ou Throbbing Gristle, la noirceur et la froideur exubérantes des compositions tourmentées de Luis Vasquez pourraient sombrer dans le cliché d'une certaine forme de pose si elles n'étaient pas aussi sincèrement incarnées. Il se pourrait même que chaque nouvel album de The Soft Moon soit un nouveau combat intérieur à mener pour son auteur mais aussi, avouons-le, un nouveau plaisir purement masochiste à subir pour son auditeur. Exister n'y manque pas et peut s'écouter sans déplaisir à cette adresse.
