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Florilège musicopathe

: #25 : Chroniques d’une année sans musique (partie 1/2)



Voici la première partie d'un diptyque non-exhaustif présentant quelques artistes anticonformistes et empathiques ayant marqué cette année une fois encore particulière...

Après une année musicale 2020 mise en pause et une année 2021 en dents de scie, on se demandait ce que les groupes et artistes de par le monde allaient bien pouvoir nous livrer. Conclusion ? Ils ont produit, créé et libéré leurs esprits frustrés et désireux de partager leur art et les good vibes de leurs compositions à la population. Voici la première partie de cette compilation non-exhaustive des productions de ces héro.ine.s des temps modernes, anticonformistes empathiques et autres révolté.e.s aux grands cœurs, dans une année 2021 (en apparence) sans musique.

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Cory Hanson – Pale Horse Rider (Drag City)

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L’évocation des noms de certains labels indépendants chez les mélomanes avertis sonne comme un gage de qualité, d’authenticité. Ainsi, tel un chien de Pavlov, le chroniqueur s’est aveuglément précipité sur ce Pale Horse Rider de Cory Hanson, un artiste officiant déjà depuis cinq années. Signé chez Drag City, ce deuxième album se compose de mélodies aérées et de la voix fragile et dans la retenue du chanteur (Bird of Paradise). Dans un esprit folk/country, l’album se déroule et s’écoute avec apaisement (Pale Horse Rider). Comme si l’artiste avait réalisé et compilé ces dix titres dans l’intention même de bercer tout auditeur en manque de douceur. Résultat : des mélodies empreintes de candeur et de nostalgie (Angeles, Pigs). Même si on s’égare un peu sur le titre fleuve Another Story From the Center of the Earth (aux accents de Radiohead), Pale Horse Rider parvient telle une rivière paisible à bercer et transporter l’auditeur. Merci Cory Hanson, merci Drag City !

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Goat Girl – On All Fours (Rough Trade)

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Annoncé comme héritier contemporain des artistes et groupes punk féminins (et féministes) des années 80/90, Goat Girl s’affranchit progressivement de cette étiquette facilement attribuée par la critique pour se diriger vers un style plus pop, plus doux certes, mais toujours aussi engagé. Le quatuor britannique, réunissant Lottie Pendlebury, Ellie Rose Davies, Holly Mullineaux et Rosy Jones explore son propre style musical pour en créer de nouvelles mélodies (Closing In). Le message reste pour autant le même : les chèvres (Goats, en anglais, comme elles se font appeler) poursuivent sur ce second opus leur description critique et pour autant très lucide de la société actuelle : racisme (Pest), écologie (Badibaba) ou encore question du genre (P.T.S.Tea). L’authenticité des paroles engagées, mêlée à des mélodies libérées et organiques donnent à On All Fours une forme différente de leur premier album Goat Girl. L’esprit bittersweet, presque blasé ou désenchanté de l’album, donne une dimension plus lumineuse aux compositions du groupe, comme sur The Crack ou encore sur l’instrumental Jazz (In the Supermarket). On aime à voir évoluer cette nouvelle vague émergente de groupes indé britanniques ; il faudra compter sur Goat Girl comme l’un des fleurons de ce renewal musical.

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Jimbo Mathus & Andrew Bird – These 13 (Thirty Tigers)

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These 13 est un album collaboratif, réunissant l’artiste de blues/country Jimbo Mathus et le violoniste Andrew Bird. Cette union entre Nord et Sud des Etats-Unis (l’Illinois pour Bird, le Mississipi pour Mathus) transpire de l’esprit country/folk américaine. Mathus à la guitare et Bird au violon semblent être assis sur le perron d’une vieille masure en bois, dans la campagne américaine, afin de conter leurs histoires. Ces 13 histoires folks retracent donc des aventures du quotidien, parlant d’amour (Encircle My Heart), de spiritualité (Poor Lost Souls) et même de jeu de cartes (Jack O’ Diamonds). L’album est musicalement très épuré, combinant les instruments privilégiés des artistes et d’autres accompagnements rythmiques (Sweet Oblivion) ou mélodiques (l’accordéon de Bright Sunny South). En somme, une belle œuvre chaleureuse et amicale.

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Miho Hatori – Between Isekai and Slice of Life (Caroline)

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Le deuxième album de Miho Hatori reflète la carrière d’une artiste qui a toujours remis son art en question. Son premier album Ecdysis (2005) se voulait plus intime et mettait en avant l’univers doux et étrange d’un des membres du duo américano-japonais Cibo Matto. Après des années de collaborations (en tant que Noodle sur le premier album de Gorillaz, avec l’artiste américain Smokey Hormel ou encore plus récemment avec le français Moodoïd) et des albums sous d’autres pseudonymes (Miss Information, New Optimism), ce Between Isekai and Slice of Life dénote par ses sonorités électroniques assumées (Tokyo Story), parfois à la limite du glitch. L’artiste y développe son panel vocal, entre chanson à voix (19 Years Old) et rap (Don’t Be Cheap). Le terme isekai désigne en japonais un univers parallèle, avec une réalité alternative. Tel un portail dimensionnel, ce nouvel album de Miho Hatori est donc la porte d’accès à son univers complexe, entre New-York et Tokyo, entre rêverie et tranches de vies.

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Shintaro Sakamoto – The Feeling of Love (Zelone Records/Universal)

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À l’instar d’un Serge Gainsbourg par chez nous ou d’un Jarvis Cocker au Royaume-Uni, Shintaro Sakamoto s’érige sur la scène musicale internationale en dandy japonais, nonchalant et fantasque, mais toujours aussi romantique. L’EP The Feeling of Love (好きっていう気持ち – Sukitte iu kimochi) contient quatre titres pop et décalés, signature du quinquagénaire qui n’en est pas à son premier coup d’essai. Le titre éponyme The Feeling of Love (好きっていう気持ち – Sukitte iu kimochi) annonce la couleur avec ses sonorités surf et son clavier électronique aux tons chauds. S’en suit le titre Obscure Nightclub (おぼろげナイトクラブ – Oboroge Naitokurabu), au pas lent, brodé d’une guitare électrique et d’une flûte naïve. On y entend même des voix de chipmunk en canon et des sons et de boîtes à meuh ! By Swallow Season (ツバメの季節に – Tsubame no Kisetsu ni) témoigne du côté funky de l’artiste, tandis que les cocottes et les riffs éthérées de Don’t Tinker With History (歴史をいじらないで – Rekishi wo ijiranaide) ferment la marche de l’EP. Dans la lignée du easy-listening et de la lounge music, The Feeling of Love est une pause estivale et joviale, qui garde une part d’étrange, façon Shintaro Sakamoto.



par Jonathan
le 02/01/2022

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