Lorsque Crazy Rhythms sort en 1980, cela fait déjà 4 ans que ce quator originaire d'Hoboken, ville située à proximité de New York, sillonne les scènes du coin et s'est bâtit a fortiori une solide réputation de jeune groupe post-punk fichtrement prometteur. Le post-punk des Feelies tranche cependant avec quelques trublions du genre et offre avec ce premier album une trouée oxygénante qui marque d'emblée pour sa fraîcheur mélodique et cet aspect "clean" assez éloigné de certains gouffres de l'époque (Joy Division, The Pop Group, The Fall, PIL, The Birthday Party...). Crazy Rhythms témoigne surtout admirablement de la fougue juvénile de ces quatre garçons dans le vent ne cachant en rien leurs influences new yorkaises : il est clair que le groupe a été entre autres biberonné au Velvet Underground ou au plus récent Marquee Moon (1977) de Television. Se substitue toutefois au génial classic rock de ces derniers un dépouillement total des structures rythmiques et mélodiques au service d'une énergie débordante et d'une vélocité infatigable. Réduit à l'essentiel, le style post-punk du groupe emporte l'auditeur dans une course effrenée au cœur d'un peloton de tête lancé sur les cols d'une montagne aux reliefs imprévisibles. Chaque chanson possède ainsi sa propre topographie, entre montée progressive (The Boy With the Perpetual Nervousness, Loveless Love ci-dessous, Moscow Nights) et tempo endiablé rappelant The Buzzcocks (Fa Cé-La ou la reprise des Beatles Everybody's Got Something To Hide (Except Me And My Monkey) ci-dessous), entre tunnel mal éclairé (Crazy Rhythms) et sprint sur la durée (Forces At Work ci-dessous, quasi motorik). Crazy Rhythms reste un must inoubliable à redécouvrir d'urgence.
